Taiwan, entre référendum et indépendance

Au travers d'un référendum sur le nom que Taiwan doit porter lors des réunions internationales, les indépendantistes veulent dire non à la Chine
Au travers d'un référendum sur le nom que Taiwan doit porter lors des réunions internationales, les indépendantistes veulent dire non à la Chine ©AFP - Sam YEH
Au travers d'un référendum sur le nom que Taiwan doit porter lors des réunions internationales, les indépendantistes veulent dire non à la Chine ©AFP - Sam YEH
Au travers d'un référendum sur le nom que Taiwan doit porter lors des réunions internationales, les indépendantistes veulent dire non à la Chine ©AFP - Sam YEH
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Les Taiwanais s'apprêtent à voter samedi aux élections locales et à une dizaine de referendums d’initiative populaire. L’un d’entre eux est particulièrement sensible. Il interrogera les électeurs sur le nom que Taiwan doit porter lors des réunions internationales comme les prochains jeux olympiques de 2020.

Les Taïwanais s'apprêtent à voter samedi aux élections locales et à une dizaine de référendums d’initiative populaire. L’un d’entre eux est particulièrement sensible. Il interrogera les électeurs sur le nom que Taiwan doit porter lors des réunions internationales comme les prochains jeux olympiques de 2020.  Ce référendum soulève l’ire du régime chinois contre la petite île rebelle qui tente de sauver son identité et son système démocratique dirigé depuis deux ans par les indépendantistes.

Voter pour le nom de Taiwan est évident  pour cette vieille dame qui chante une berceuse  pour son île. Elle se sent concernée par tous les référendums et en particulier ceux qui touchent à la défense de l’identité de Taiwan. "Taiwan ne doit pas se faire dévorer par la Chine. Tous  ceux qui  reconnaissent Taiwan en tant qu’État sont là, Taiwan ne veut pas être sinisé ! Les Taïwanais doivent se mettre debout pour faire quelque chose pour leur pays." L’une de ses amies acquiesce : "La population doit donner son avis, le peuple doit se mettre en avant et montrer au monde entier que Taiwan ne veut pas être confondue avec la Chine. Si notre constitution n'est pas modifiée, Taiwan sera toujours en difficulté." 

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En soutien à ce référendum, un mouvement pour la rectification du nom de Taiwan est né, explique Jean Yves Heurtebise, chercheur à l’université de Fu Jen à Taipei. "Il y a un référendum sur la rectification du nom qui est lié aux Jeux Olympiques. C'est évidemment l'occasion rêvée pour Taïwan d'exister sur le plan international autrement que comme "Chinese Taipei". Je rappelle que le nom officiel de Taïwan pour les réunions dans lesquelles la Chine accepte que Taiwan participe c'est Chinese Taipei, ce qui ne veut évidemment absolument rien dire puisque Taïwan c'est Taïwan pour la majorité des gens."

Le mouvement pour la rectification du nom de Taiwan est très politique. Il  est impulsé par le professeur Chingkai Shen, un indépendantiste qui voit loin : "Nous sommes au bon moment pour entamer des démarches de rectification du nom de Taiwan parce que le climat politique actuel est favorable. Il y a deux choses à prendre en compte en ce moment : d’abord l’attitude du parti qui est au pouvoir à Taiwan, ensuite les velléités de la Chine qui, par le biais du business, essaient d'acheter Taiwan pour que les gens oublient qui ils sont. C'est cela qui donne un sens pour lancer notre action." 

Dans le monde, Il n'y a plus que 17 pays qui reconnaissent Taiwan en tant qu’État éclipsant de fait son nom officiellement. Depuis cette année, les grandes compagnies aériennes référencent sur leur site la destination  Taiwan collée au nom "Chine" sous entendant une appartenance de Taiwan à la République Populaire.   

La situation s’aggrave, s’inquiète cette habitante qui a prévu de se déplacer pour ce référendum voulu par les indépendantistes. "Xi Jinping a sa propre stratégie qui est programmée, il ne fait pas que mettre la pression sur Taiwan, il fait beaucoup d’autres choses, il manœuvre beaucoup par exemple sur le plan international, et Taiwan n’a pas les moyens d’y répondre. Xi Jinping n'a pas l'intention lâcher Taiwan. Taiwan est très petite,  eux c'est un grand pays très puissant."

Les Taïwanais ont sous les yeux l’exemple de leur voisin de Hong-Kong. Ils ne croient pas à une coexistence possible avec le régime de Pékin, sans qu’elle touche aux aspects essentiels : la liberté d’expression, et la démocratie avec son droit de vote.

Les patrouilles de navires militaires américains dans le canal de Taiwan galvanisent les indépendantistes que la Chine met en garde de ne pas poursuivre sur cette voie dangereuse. 

La situation à Taiwan est explosive.