

Sur cet aspect, la politique de François Hollande a tenu l'un de ses 60 engagements, au milieu des accusations de renoncement. Sur le terrain, le bilan est à nuancer.
Ironie du sort, depuis jeudi, l'Agence nationale pour la rénovation urbaine est officiellement dotée d'un milliard d'euros, comme promis. Hélène Geoffroy, secrétaire d’État chargée de la Ville, s'inquiète des rodomontades de la droite : "dans les débats entre les candidats, il n'y a que l'aspect de la sécurité qui est apparu dans la politique de la ville. C'est un volet qui existe (on a fait les zones de sécurité prioritaires), mais ça ne peut pas être le seul prisme."
Tout commence avec la loi Lamy en 2014, avec une petite révolution : un critère, un seul, pour décider quel quartier on aide en priorité, celui de la pauvreté. Plus précisément, le revenu médian des habitants. C'est ainsi que Pamiers, 15 000 habitants en Ariège, se retrouve dans la même situation que La Courneuve. Pour Françoise Pancaldi, maire adjointe de Pamiers et déléguée à la politique de la ville, ça a été un choc : "au mois de juillet, on nous a annoncé la pauvreté de la ville. Le revenu médian, on ne l'avait pas quantifié de notre côté. Et là, on a compris qu'il y avait un réel problème sur le centre-ville".

Mise en place donc d'une task force, et près de 6,5 millions d'euros d'argent public injectés. "On voit des centre-villes de grande valeur patrimoniale qui sont en train de se perdre dans la pauvreté", expliqué Marie Lajus, préfète de l'Ariège. "Ils sont en train de voir partir tous leurs commerces. On se rend compte que des immeubles paupérisés tombent en ruine, et ça les élus ne peuvent pas y être insensibles".

"Les gens n'attendent qu'une chose : être à nouveau embarqués dans un projet collectif"
La politique de la ville ça n'est pas "mettre des paniers de baskets au bas des tours", c'est repenser tout, de l'architecture aux relations entre les gens. Carmen Samayoa habitante du quartier du Foulon, fait partie de l'association Regards de femmes.
Il faut se parler, avoir une communication fraternelle entre habitants. Il n'y a pas de baguette magique mais ça a réveillé quelque chose, c'est ça qui est important.
Le Foulon est situé à moins d'un kilomètre du centre historique, un quartier d'habitat social usé. On s'y pose sur des bancs avec Malika El Bazta déléguée du préfet en Ariège, Corinne Avezou et Bérangère Deluc les deux chefs de ce projet de rénovation à la communauté de communes. "Une association a travaillé avec les enfants d'une école du quartier, et a présenté un court-métrage. En est ressorti le fait qu'au Foulon, il n'y a qu'un banc". Les habitants ont donc lancé un évènement "Ramène ta chaise", pour discuter du quartier. "Certes, ça paraît rien", explique Bérangère Deluc. "Des bancs, c'est rien, ça coûte pas très cher, mais symboliquement c'est important".

Pour Valérie Guillaudot, de l' association Caméra au poing, il y a une vraie réponse sur ce type d'initiatives : "les gens ont besoin de s'exprimer. Certes, ils ne viennent plus à aucune réunion publique, parce qu'ils sont blasés, désabusés, qu'il ne croient plus au politique. Mais quand vous discutez avec eux, ils n'attendent qu'une chose : c'est d'être à nouveau embarqués dans un projet collectif. Ils en ont terriblement besoin, parce qu'aujourd'hui les gens s'isolent dans leurs quartiers."

À Pamiers, sur les terres voisines de Jaurès, historiquement acquises à la gauche, le Front national progresse. En 2014, pour la première fois, une liste frontiste est apparue. Et près de 35% des votants ont choisir Louis Aliot aux dernières élections régionales.

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