Urgences : la semaine de 48 heures

France Inter
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Urgentistes : la semaine de 48 heures
Urgentistes : la semaine de 48 heures
© Solenne Le Hen

Le statut des médecins urgentistes change ce 1er juillet, un changement de statut obtenu après une courte grève à la fin de l'année dernière.

Des gardes intenses

Pour assurer le prochain départ : l'urgentiste Sophie Faille. Cette trentenaire fait partie de la nouvelle génération de médecins urgentistes: les polyvalents qui travaillent à la fois dans les service des urgences, à l'hôpital, et pour le Samu, dans l'ambulance.

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Cette fois, elle est appelée pour des douleurs thoraciques d'un employé de mairie :

C'est un monsieur qui a une douleur thoracique qui n'est pas inquiétante. Mais c'est un terrain très propice aux événements cardiovasculaires du type insuffisance coronaire, infarctus, crise cardiaque ... On l'emmène à l'hôpital pour s'assurer que ça ne soit pas ça.

Aujourd'hui le quotidien des 5 000 urgentistes, ce sont des interventions pendant 24 heures : 24 heures de gardes intenses, accentuées par la canicule. Selon les régions et établissements, certains travaillent 48 heures par semaine, les autres, 60 heures.

Selon Sophie Faille :

Si tous les urgentistes de France pouvaient passer de leur temps de travail actuel à 39 heures, il y en a qui auraient l'impression de faire un mi-temps. Je n'exagère pas.

La semaine de 48 heures

Notre reporter Solenne Le Hen dans la peau d'un urgentiste
Notre reporter Solenne Le Hen dans la peau d'un urgentiste
© Solenne Le Hen

Le nouvel accord, qualifié "d'historique" par les syndicats, prévoit 39 heures auprès des patients auxquelles s'ajouent 9 heures supplémentaires pour d'autres tâches : administratif, réunions etc.

Le plafond est donc de 48 heures de travail par semaine, soit la limite imposée par la règlementation européenne. Au-delà, les médecins seront payés en heures supplémentaires.

Mais l'argent, ce n'est pas le moteur de leurs revendications. Avec les gardes, Sophie Faille gagne 3 500 euros nets par mois. En revanche, réduire le temps de travail, c'est pour les médecins, impératif.

L'intensité du travail s'est beaucoup accentuée ces dernières années. Donc, je ne ne me vois pas faire ce métier-là pendant 35 ans encore. C'est un niveau de fatigue intellectuelle et physique qu'on ne s'imagine pas. La profession demande plus d'humanité dans le travail et pas forcément faire 90 heures par semaine, c'est un peu révolu ce temps-là.

Quel financement ?

Le nouveau plafond de 48 heures entre en vigueur se 1er juillet. Mais les urgentistes, comme Wilfried Sammut du syndicat national des praticiens hospitaliers, doutent de sa mise en oeuvre rapide car la question du financement, plusieurs dizaines de millions d'euros, est posée.

Dans un contexte budgétaire difficile, où les directeur d'hôpitaux sont contraints de faire des économies, où trouver l'argent soit pour embaucher, soit pour payer les heures supplémentaires des urgentistes? S'ils ne mettent pas en oeuvre l'accord dans les prochains mois, ils s'exposent à la colère des urgentistes. Si en revanche ils accordent des moyens aux urgentistes en déshabillant d'autres professions médicales, ils risquent cette fois de mettre le feu à l'hôpital.