Avant de recevoir Stéphane Israël, le Président d’Arianespace à 7H50, 80 secondes pour une petite philosophie de la conquête spatiale.
En 1957 un objet terrestre, fait de main d’homme, fut lancé dans l’univers ; pendant des semaines, il gravita autour de la Terre conformément aux lois qui règlent le cours des corps célestes, le Soleil, la Lune, les étoiles (…). Certes, le satellite artificiel n’était pas un astre mais il eut sa place et son chemin au voisinage des corps célestes comme s’ils l’avaient admis, à l’essai, dans leur sublime compagnie.
Extrait de La condition de l'homme moderne, de la philosophe Hannah Arendt, des mots qu'elle a écrits après le lancement du satellite Spoutnik par l’URSS. Événement qui a sidéré le monde entier — victoire soviétique, exploit technologique… Mais ce qu’elle en a retenu, c’est une émotion très particulière qui a parcouru la planète. Le soulagement d’avoir assisté au premier pas « vers l’évasion des hommes hors de la prison terrestre ».
L’analyse d’Hannah Arendt est passionnante
Vouloir quitter la Terre désigne évidemment la conquête spatiale, mais c’est aussi le rêve de s’affranchir de la nature et rendre la vie artificielle, elle aussi, libérée des limites auxquels nous soumettent nos organismes. Conclusion de la philosophe :
C’est le même désir d’échapper à l’emprisonnement terrestre qui se manifeste dans les manipulations scientifiques pour produire des êtres supérieurs (…) ; et je soupçonne que l’envie d’échapper à la condition humaine expliquerait aussi l’espoir de prolonger la durée de l’existence fort au-delà de cent ans.
Elle décrit par anticipation ce qu’on appelle aujourd’hui le « transhumanisme ».
Quand on pointe la lune du doigt, le sage regarde le doigt !
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