

"Distanciel", "comorbidité", "jauge", "létalité", "incidence", "nasopharyngé" : nous connaissons tous désormais ces mots entrés à une vitesse stupéfiante dans les conversations communes des temps de COVID.
Quatre-vingts secondes ce matin sur le livre que le linguiste Bernard Cerquiglini consacre à ce moment où, face à une crise inédite la langue française a démontré vigueur, plasticité et inventivité.
Plusieurs dynamiques ont joué : d’abord, la résurgence de mots anciens ou peu utilisés, "couvre-feu", "quarantaine", sans parler évidemment du médiéval et redoutable "écouvillon". Ensuite, la vulgarisation du français médical : "pneumopathie", "agueusie", "anosmie" et toute la famille des "coronavirus".
A noter, troisième phénomène, la création de mots nouveaux : "confinement" quitte le lexique du nucléaire et se déploie en "déconfinement", "reconfinement" parfois "préreconfinement". Il y eut aussi beaucoup d’humour autour des "coronapéros" et des "confinapéros".
L’Ouvroir de littérature potentielle, l’OULIPO, s’est d’ailleurs régalé dans son Dicovid
Oulipo, en proposant "mascarpogne", le fait de porter son masque à la main, ou "pénuriz" (-z à la fin) pour la disparition éclair des denrées alimentaires à l’annonce d’un confinement.
Le français est en bonne santé nous dit Bernard Cerquiglini et cette langue précise a permis, en la décrivant, de lutter contre l’épidémie. Pour le dire autrement, nous avons, un bref et rare instant, parlé d’une seule voix.
Chroniques d’une langue française en résilience est publié chez Larousse."
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