

Il y a mille façons de lire un livre, de réfléchir au style d’un romancier, de se pencher sur l’apparition d’un genre romanesque ou la naissance d’un auteur.
Mais la démarche que proposent Alexandre Gefen et Guillemette Crozet a le mérite d’être originale, spectaculaire, d’autant plus didactique qu’on n’a pas l’habitude de voir ces questions traitées en une explosion visuelle et colorée de courbes, de graphiques, de frises, d’éventails chiffrés et de nuages de points.
Quatre-vingts secondes ce matin sur La littérature, une infographie, qui marie graphisme et théorie littéraire
Un exemple parmi d’autres de cette « datavisualisation » littéraire : le nombre de personnages dans les romans, en pleine explosion au XIXe siècle, ils sont près de… 3000 dans Les Mystères du peuple d’Eugène Sue, 438 dans Les Misérables d’Hugo, un phénomène d’ailleurs essentiellement masculin, une autrice comme Georges Sand publiant des romans allant de 15 à 30 personnages. Vous apprendrez aussi que Proust écrivit, contre l’idée reçue, des phrases de moins en moins longues au fil de La Recherche ou que, inscrites sur une carte de Paris, les 12 étapes d’une seule journée de Lucien de Rubempré, le héros de Balzac, marquent la géographie d’une ascension sociale fulgurante.
Ce livre fourmille de statistiques sur le temps de lecture hebdomadaire par pays (l’Inde est en tête), sur les gros producteurs de BD (le Japon, puis la France) mais aussi sur la taille des romans de 1678 à 1999 — un facteur qu’on ne peut que constater mais qui résiste à l’analyse. Preuve que la statistique, parfois, touche à la poésie…
La littérature, une infographie, ce livre d’art et de savoir, est publié chez CNRS éditions.
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