

Tout l'été dans Les choses de la ville, on décortique les objets de nos villes avec ceux qui les conçoivent ou les habitent. Elle nous transporte aujourd'hui à Leucate, pour y découvrir le village vacances Les Carrats en compagnie de la responsable des lieux Peggy Moreau.
David Abittan nous emmène à Leucate, à la découverte de la résidence « Les Carrats », conçue par l'architecte Georges Candilis, inscrite aux Monuments Historiques.
Pour qui connaît l'œuvre de Candilis, il semblerait que l’on retrouve ici sa patte à en croire Peggy Moreau, responsable chez Nemea de la résidence «Les Carrats» qui nous en fait la visite :
C’est très Candilis parce que c’était vraiment dans son architecture de faire les choses cubiques, tout est très carré. Alors, c’est peut-être aussi ses origines grecques qui ont fait que tous les toits sont des toits-terrasses. Ça rappelle le petit village grec, le village Méditerranéen.
On y retrouve des influences grecques, évidemment, mais aussi des influences du mouvement Moderne. Georges Candilis ayant été un très proche de Le Corbusier, l'architecture cubique et dépouillée, peut, là aussi se justifier.
La juxtaposition de petits bâtiments conçus à partir de volumes simples donne un ensemble la fois très organisé et très fouilli, on parle d’architecture « proliférante », une réflexion récurrente dans l’œuvre de Candilis qui prend place dans un environnement très sec, «à la grecque» :
Les seules plantations que l’on peut trouver là bas sont des oliviers et des palmiers. Je pense que c'est aussi dû à l’implantation du site par rapport à ses sols. À l'origine, il n'y a que du sable et la plage ici.
Si le village de Leucate existe depuis bien longtemps, son quartier de Port-Leucate, véritable station balnéaire, a ainsi été créée de toute pièce il y a un demi-siècle pour répondre aux envies d’évasion des Français dans un contexte de démocratisation du tourisme.
La stratégie du gouvernement constitue à capter les flux touristiques qui se dirige vers l'Espagne pour les concentrer en France, à travers la construction de villes construites à partir de zéro :
La mission Racine, qui a eu lieu fin des années 60, début des années 70, entend promouvoir le tourisme populaire dans le sud de la France. Différents sites avaient été choisis, sur la côte méditerranéenne il y a eu Le Barcares, Port-Leucate, jusqu’à Gruissan. Différents villages-vacances ont vu le jour à cette époque pour promouvoir les vacances populaires. »
Très concrètement, dans la résidence Les Carrats, comme dans à peu près tous les villages vacances, on retrouve une organisation de l’espace assez simple, mais très efficace où les circulations douces sont privilégiées, l'architecture très homogène au milieu de voiries orthogonales qui offrent notamment de nombreux espaces de rencontres :
C’était aussi une façon pour Georges Candilis de créer des espaces conviviaux, de retrouvaille. Dans un premier temps par rapport à la restauration, qui était une restauration collective. Et des places, où à l’époque il y avait des bancs et les gens se retrouvaient sur différentes petites placettes. »
Si la crise sanitaire impact ces usages, il faut aussi noter un changement de clientèle de la résidence depuis sa construction. À l’origine, «Les Carrats» était une propriété de la Caisse d’Allocations Familiales, qui accueillait ses allocataires pour des vacances à bas coût. Aujourd’hui, le lieu a été repris par le groupe Nemea qui a son propre cahier des charges. La clientèle y attend un certain niveau de confort, ce qui a notamment nécessité l'agrandissement des logements d'origine :
Tous les logements ont au moins une terrasse pour profiter… Tout ce qui est maisonnette, c’est assez spacieux, les plus grandes font près de 68 mètres carrés pour accueillir jusqu’à 8 personnes. Pour certains logements, on a eu l'autorisation de changer l'implantation des cloisons.»
Dans les environs de Port-Leucate, il y a d'ailleurs d’autres stations balnéaires de la Mission Racine à découvrir, notamment celle de La Grande Motte, où l’homogénéité de l’architecture se retrouve cette fois, non pas à l’échelle d’un village-vacances, mais à l’échelle d’une ville toute entière.
Les choses de la ville, en partenariat avec l' Ordre des architectes.
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