Tout l'été dans Les choses de la ville, on décortique les objets de nos villes, avec ceux qui les font. Ce dimanche, on s’intéresse au data center, autrement dit ces centres de données qui stockent et distribuent nos données informatiques.
Associé de l’agence Reid Brewin Architectes, Alex Reid est en charge du récent projet d’extension du data center Global Switch à Clichy-la-Garenne, dont la partie principale est une ancienne usine transformée :
«Le bâtiment existant a été construit par Bic comme usine de fabrication des briquets. Le bâtiment est resté vide pendant quelques années et à la fin des années 1990 ça a été racheté par Global Switch, Global Switch étant l’un des plus grands opérateurs de data center dans le monde. Parce que c’est un bâtiment avec des grands volumes et avec une capacité de surcharge très forte sur les planchers donc c’était bien adapté.»
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Le bâtiment est en effet bien adapté aux besoins d’un data center qui fait fonctionner des milliers d’ordinateurs et d’équipements de réseau, le tout dans de vastes espaces sans poteau qui ne crée donc aucune interruption entre les machines, connectées les unes aux autres.
L’autre avantage du site, c’est aussi son emplacement en pleine ville, entre d’un côté les voies de chemin de fer de la Gare de Clichy, de l’autre, des bureaux et logements en construction et au bout de la rue, on retrouve même un parc, le parc des Impressionnistes qui longe l’extension du site.
Cet emplacement permet une grande proximité entre les usagers et les réseaux de télécommunication ce qui favorise la rapidité du transfert de données :
«Leurs clients ne sont pas loin, et ça c’est important surtout maintenant avec le cloud, les jeux vidéo etc. La vitesse de transfert des données, plus on est près plus on est vite. Tous ces avantages sont réunis ici à Clichy. Et bah allons-y, rentrons…Donc on est dans l’entrée là, et tout de suite on se rend compte des mesures de sécurité dans un data… »
On procède d’abord à un contrôle de nos papiers d’identité et de nos empreintes digitales avant le passage obligatoire par un SAS individuel. Ce dernier permet ainsi au personnel de sécurité de connaître l’identité de toutes les personnes présentes sur le site en permanence pour garantir la protection des données sensibles de ses clients. Guillaume Zaimeche, responsable des développements et projets pour Global Switch France détaille ainsi l’organisation des systèmes de sécurité :
«Voilà en fait on est sur un nœud ici, de centralisation de nos systèmes de sécurité donc on a la sécurité d’accès avec la vidéosurveillance, la sécurité incendie et tout ça est concentré ici avec un poste qui est occupé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 jours 365 jours de l’année en permanence. Et après on a au-dessus, un autre centre de sécurité qu’on appelle le noc et c’est là qu’on va monitorer le bon état de toutes les infrastructures, les livraisons de l’énergie et du froid à nos bâtiments.»
L’énergie et le froid, ce sont en effet ici deux éléments complémentaires. D’un côté, l’énergie permet d’alimenter les serveurs et de l’autre le froid maintient à bonne température les énormes armoires informatiques, les baies de stockage qui dégagent une très forte chaleur.
Il faut d’ailleurs préciser que le data center sous cette forme existe seulement depuis la fin des années 1990 au moment de l'explosion de la bulle internet. À cette époque, les entreprises ont besoin de plus grandes installations informatiques et elles n'avaient pas assez de places pour les héberger d’où la création progressive des data center.
En compagnie de Frédéric Cœuille, le directeur général de Global Switch France on a pu découvrir l’une de ces salles, blanche du sol au plafond :
«Pour vous rendre compte en fait de ce que peut être une salle informatique. L’idée c’est vraiment de rassembler les ordinateurs ensemble, de les connecter et les interconnecter entre eux. Donc c’est des grandes salles qui doivent être dans un environnement propre, qui doivent être capable de fonctionner 24h/24, qui doivent être capable d’être opérées pendant des dizaines d’années et tout ça, ça demande une très très grande rigueur et ça doit être discret par rapport au reste de la ville pour des questions de sécurité et c’est l’un des éléments les plus importants.»
On y entend bien le soufflement constant des armoires mais aussi des systèmes de climatisation qui sont, eux, intégrés dans le sol. Toute cette chaleur produite peut d’ailleurs servir la ville, en la réutilisant pour des équipements publics ou des logements par exemple.
«Bien sûr un data center consomme de l’électricité, ça dégage de la chaleur et pour le réseau urbain, ça c’est un point très positif d’avoir un data center en ville, parce qu’il y a le réseau de chauffage urbain qui est proche d’un data et il y a cette chaleur disponible, donc c’est quelque chose de très positif pour l’environnement autour d’un data d’avoir cette chaleur à disponibilité.»
Réemployer cette énergie, c’est un enjeu crucial aujourd’hui pour minimiser l’impact écologique du data center alors que l’on en compte pas moins de 4 800 à travers le monde dont près de 160 en France, la plupart étant situé à proximité des villes.
Les choses de la ville, en partenariat avec l'Ordre des architectes.
L'équipe
- Production
- Marie CrabiéChronique