Tout l'été dans Les choses de la ville, on décortique les objets de nos villes avec ceux qui les conçoivent ou les habitent. Ce samedi, direction Carcassonne pour y découvrir ses remparts en compagnie de Katia Signoles, guide conférencière du lieu.
- Katia Signoles Guide conférencière
David Abittan nous emmène aujourd'hui à Carcassonne, qui garde une trace de tout un pan de son histoire, durant lequel la ville était concentrée dans un territoire d’une petite dizaine d’hectares. La guide conférencière du lieu Katia Signoles précise :
Les premiers habitants vont construire ce qu’on appelle un opidum, une protection en bois dont il ne reste rien, bien entendu. La deuxième population qui arrive ce sont les Romains qui vont subir des invasions car cette route de commerce est également route de passage. Ils vont alors construire une muraille, la seule que va avoir la cité pendant mille ans.
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Précisément au cœur de la Cité de Carcassonne et au pied du château, l'ancienne enceinte gallo-romaine reste encore visible aujourd'hui. Elle date du IIIe ou IVe siècle :
Les remparts gallo-romains suffisaient amplement à la population, parce qu’ils étaient complètement adaptés à leur époque. Par contre, les remparts gallo-romains à l’époque médiévale n’ont plus étaient suffisants pour protéger la Cité.
Tant et si bien qu'elle finit par être assiégée en 1213. Différents pouvoirs vont alors s’y succéder durant une quinzaine d’années avant que Carcassonne ne se rende à l’armée royale, et ne devienne forteresse royale. Dès le milieu du XIIIe siècle, une deuxième muraille est alors mise en construction. Celle-ci en revanche n’a jamais laisser passer d’envahisseur :
Ça a été suffisamment dissuasif, notamment pour les Anglais en 1355, qui n’ont pas mis un pied dans la Cité car la muraille était trop impressionnante. Elle fait tout de même 1,450 km de circonférence.
Carcasonne devient dès lors un lieu militaire stratégique, avant que les guerres et les traités ne fassent bouger les frontières. En 1659, l'Aragon qui s'étendait jusque là au pied de la Cité de Carcasonne, voit en effet sa frontière repoussée beaucoup plus au Sud, où une autre forteresse assurera la défense du royaume de France.
Tandis que les habitants ne recherchent plus la protection de l'enceinte de la Cité, la population décline, les administrations déménagent et les fortifications ne sont plus entretenues. Certaines parties de la muraille commencent même à être vendues à des particuliers qui récupèrent les pierres pour servir sur d’autres chantiers.
Il faudra attendre 1830 pour la création d’un poste d’Inspecteur des Monuments historiques qui sera affecté quelques années plus tard à Prosper Mérimée, aussi surnommé « le grand sauveur du patrimoine français ». Les travaux de restauration de l'édifice sont alors confiés à Eugène Viollet-le-Duc, qui permettent aujourd'hui de reconnaître les différentes périodes de constructions de l'ensemble, explique Katia Signoles :
Si la muraille intérieure a été construire sous la période gallo-romaine, il y a eu des réadaptations à l’époque royale. On voit l’espace qui a été réalisé par Viollet-le-Duc avec ces sortes de gros moellons. Également, cette superbe charpente qui a été réalisée au XIXe siècle. On peut distinguer les niveaux de restauration, bien que maintenant ça commence à se confondre.
Si à l'époque, la restauration de la Cité par Viollet-le-Duc déchaîne les passions, elle en appelle une autre, qui se déroule quelques années plus tôt pour Notre-Dame-de-Paris, rénovée elle aussi par Viollet-le-Duc.
Le temps semble pourtant faire rentrer les choses dans l'ordre : un siècle après la restauration de la Cité et de ses remparts, l’ensemble a été classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO.
Les choses de la ville, en partenariat avec l' Ordre des architectes.
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