Des familles entières, payent des dizaines de milliers de dollars et arrivant dans les ports Italiens en provenance d’Afghanistan ou d’Afrique.
Imaginez : le petit matin se lève sur les côtes Siciliennes. Au loin, approche doucement un magnifique yacht de 15 mètres, piloté par trois skippers impeccablement sanglés dans des costumes repassés, casquettes blanches vissées sur le côté.
Le yacht approche d'un marina de luxe comme il en existe beaucoup en Sicile et en descend un petite famille orientale de six personnes. Ils ont faim, ils se dirigent donc vers le restaurant le plus proche et commandent en mauvais anglais.
Soupçonneux, le restaurateur appelle tout de même la police qui arrive et demande les papiers de tous le monde. La famille est afghane et sont en fait des clandestins. Le père est magistrat à Kaboul et ils ont payé à eux six près de 100 000 $ pour leur passage.
Des clandestins de luxe
Et le New York Times où j'ai trouvé cet incroyable reportage raconte que l'histoire de cette famille afghane est loin d'être isolée. En 2015, 125 de ces migrants « de luxe » sont arrivés en Sicile en yachts. Les passagers sont Syriens, Irakiens et surtout Afghans, ils ont payé entre 7 et 10 000 $ par personne et les skippers sont ukrainiens. Ils partent le plus souvent des côtes turcs, d'Izmir ou de Cesme et naviguent confortablement dans les eaux internationales.
Avant de débarquer en Sicile le plus discrètement possible. Lorsque les douaniers siciliens les interceptent, ils retrouvent à bord des trophées et des médailles : beaucoup des yachts sont en effet des bateaux de compétition qui ont gagné des régates.
Ces clandestins ne sont pas tout à fait traités comme les autres. Ils ont les moyens de se payer un avocat et restent très peu de temps dans les centres de rétention avec la piétaille. Et le phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur. 125 en 2015, donc. 710 en 2016 !
Cela dit, la réalité c'est qu'évidemment, ces migrations de luxe sont une goutte d'eau par rapport aux milliers de migrants qui empruntent la route Libyenne, qui sont parqués dans des radeaux de fortune et souvent abandonnés en pleine mer. Depuis le début de l'année, l'Italie en a recueilli exactement 50 041 ! C'est à dire 50% de plus qu'au cour de la même période de l'année dernière où 181 000 migrants sont parvenus à rallier la Sicile. Et croyez-moi, pour eux, ça n'avait rien d'une croisière !
Une revue de presse post attentat de Manchester
Les faits remplissent les quotidiens Britanniques ce matin, incapables évidemment de s'éloigner trop de Manchester et de ses 22 victimes. Je dois dire que je suis malgré tout surpris par l'énorme émotion des Britanniques. Il y a aussi, bien sûr, les commentaires, les premiers raisonnements, les premières tentatives de recul. Comme George Monbiot dans le Guardian qui écrit :
Le but du terrorisme n'est pas seulement de modifier la donne politique, il est de démoraliser ceux qu'il vise, à savoir la population, et surtout s'affecter, de dégrader notre humanité. Attaquer un concert où étaient rassemblé des jeunes heureux de vivre et d'être ensemble est ne démonstration éclatante de cette volonté.
Un des commentaires les plus étonnants est à lire dans les pages de The Independent. Commentaire qui rappelle que Manchester avait été frappé en 1996 par une énorme bombe de l'IRA qui, à l'époque, n'avait fait aucune victime parce que l'IRA avait prévenu de l'explosion et que donc le centre ville avait été évacué.
Mais les dégâts avaient été immense, les Républicains Irlandais ayant fait exploser une bombe d'une tonne et demi. « Le Manchester moderne, celui que nous connaissons aujourd'hui, est né de cette destruction. Cette bombe avait été une renaissance paradoxale pour la ville ». The Independent ne va pas jusqu'à comparer avec la situation d'aujourd'hui, il est encore trop tôt. Mais on comprend que c'est bien l'idée : Manchester meurtri finira par se relever et par imaginer une renaissance à sa mesure : fière et solide.
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