La France est choquée par l'augmentation de 74% des actes antisémites, mais qu'en est-il en Allemagne et surtout en Grande-Bretagne ?
L'antisémitisme est en forte hausse en France en 2018, mais il faut d'abord rappeler les chiffres, histoire de pouvoir comparer. En France donc, les actes antisémites ont crû des trois quarts en 2018 par rapport à 2017. De 74% pour être très précis. C'est-à-dire qu'ils sont passés de 311 à 541.
Première réflexion, le chiffre absolu semble assez maigre – attention un seul acte raciste où antisémite, c'est déjà un de trop – mais tout de même : la communauté juive de France est, de loin, la 1ère d'Europe, avec 500 à 600 000 membres.
De plus, la France est le 2ème pays le plus peuplé du continent, avec 67 millions d'habitants. En fait, on ne comptabilise que les actes antisémites portés à la connaissance des autorités, c'est-à-dire une infime partie des actes réels.
Des comptes et des mécomptes
C'est surtout qu'on porte plainte beaucoup plus fréquemment. Prenez par exemple la Grande-Bretagne, qui justement a publié il y a quelques semaines le même genre de statistiques. En 2018, Londres a comptabilisé 1 652 incidents à caractère antisémites.
C'est-à-dire, lu rapidement, 3 fois plus que la France pour une communauté juive 3 fois moins importante. En augmentation de 16% en un an. Donc, il faut plonger dans ces chiffres pour comparer ce qui est relativement comparable : les violences antisémites.
En Grande-Bretagne, on en a compté 122 en 2018 contre 358 en France. Et là, tout reprend sa place : avec une même population générale qu'en France et une communauté juive 3 fois moins importante, Londres a trois fois moins de violences antisémites.
En proportion, des chiffres comparables aux nôtres
En Allemagne, maintenant. Notre voisin connaît aussi une hausse considérable des actes antisémites alors même que la communauté juive est infiniment plus petite qu'en France ou en Grande-Bretagne. Il y 30 000 Juifs environ à Berlin et quelques 100 000 dans tout le pays.
Or, en 2018, les actes antisémites ont plus que triplé dans la seule capitale allemande. D'une façon générale, en Europe, les actes antisémites se concentrent dans les grandes villes et les capitales. C'est-à-dire là où vivent les plus importantes communautés juives.
Mais revenons encore une fois sur les violences antisémites. Berlin en a connu 24 en 2018 contre 7 en 2017. Encore une fois, si l'on ramène ça à un calcul proportionnel, on retrouve a peu de choses près les chiffres français et britanniques.
Qui sont les auteurs de ces violences ?
En France, on ne sait pas, puisque l'on n'a pas le droit d'établir des statistiques ethniques ou religieuses. Mais cet interdit n'a pas cours en Allemagne et en Grande-Bretagne. C'est d'autant plus intéressant d'aller voir là-bas que les fantasmes sont nombreux.
Soyons cash : on a l'habitude de dire en France que cet antisémitisme serait lié à Israël, donc à l'Islam et, donc, in fine, aux musulmans. Eh bien, pas du tout ! En fait, en Grande-Bretagne, comme en Allemagne et donc en France :
60 à 70% des actes antisémites sont le fait de, je cite, « de blancs caucasiens ou nord-européens ». En clair, il s'agit, en France comme dans le reste de l'Europe, du sale vieil antisémitisme d'extrême-droite. Augmentation comprise. C'est celui-là qui est à l'attaque.
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