La question macédonienne toujours en débat

France Inter
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La Grèce et son voisin macédonien semblent proches d'un accord sur le nom de la petite république balkanique..

Pour le moment, on discute. Mais ça fait maintenant 25 ans qu'Athènes et Skopje discutent, se fâchent, se menacent et rediscutent sans qu'aucun accord n'ait jamais été trouvé. 

De quoi parte-t-on ?

En 1991, lorsque l'ancienne république yougoslave de Macédoine décide de devenir indépendante, elle se choisit pour nom : République de Macédoine. Jusque là, rien de scandaleux. Mais c'était compter sans la Grèce et un siècle d'histoire et de guerres.La Grèce refuse qu'un autre pays puisse porter le nom de Macédoine. Selon Athènes, il n'y a qu'une seule Macédoine et elle est grecque. Et pour bien se faire comprendre, plus d'un million de personnes ont manifesté en 1993 à Athènes et Thessalonique.Et pour encore mieux se faire comprendre, Athènes bloque toute adhésion de sa voisine à l'Union européenne et à l'OTAN, deux institutions où, pour adhérer, il faut l'unanimité des membres. Mieux encore, elle impose à l'ONU l'usage de l'acronyme ARYM ou FYROM.

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C'est-à-dire Ancienne République Yougoslave de Macédoine

La Grèce a même imposé un blocus terrestre de 20 mois dans les années 90 - alors que la Macédoine n'a pas de façade maritime – parce qu'elle exigeait que cette petite république pauvre de 2 millions d'habitants change son drapeau.Skopje avait en effet décidé d'y placer le fameux soleil de Vergina, un symbole découvert sur une tombe royale attribuée au père d'Alexandre le Grand : Philippe de Macédoine. Le blocus n'a été levé que lorsque le drapeau a été changé.C'est dire si le sujet est sensible. La question est plutôt pourquoi ? Parce que vu de Paris et même du reste du monte - 130 pays reconnaissent la Macédoine sous son nom actuel de République de Macédoine – c'est probablement le conflit le plus absurde qui soit.En fait, cette affaire remonte aux guerres des Balkans du siècle dernier. Une époque où la Macédoine historique qui s'étale sur le territoire de 3 pays – Grèce, Macédoine et Bulgarie – a été partagé, la Grèce récupérant la part du lion, à savoir Thessalonique.

Les Grecs soupçonnent leurs voisins de vouloir remettre en cause ce partage.

Il n'ont pas que de mauvaises raisons de la soupçonner. Régulièrement, des mouvements nationalistes pan-slave du sud expliquent vouloir réunifier la Macédoine avec Thessalonique pour capitale. Mais ces mouvements sont ultraminoritaires.Il est temps d'en finir avec cette pantalonnade qui nuit avant tout à la Grèce. Un exemple : si les Chinois ont investi dans le port grec du Pirée, c'est parce qu'à travers les Balkans, leur produits ont un accès direct à l'Europe du Nord, Allemagne en tête.Une route des Balkans qui passe par la Grèce bien sûr, mais ensuite par la Macédoine. Je sais bien que les Chinois sont patients mais au point d'attendre encore 25 ans qu'Athènes se décide à changer son obstruction systématique.A la décharge d'Athènes, les gouvernements successifs en Macédoine n'ont pas aidé : ils ont édifié partout des statues monumentales d'Alexandre le Grand. Ils ont aussi nommé des avenues, des stades, et même l'aéroport international Alexandre le Grand.

Personne n'est donc raisonnable dans cette région

Si figurez-vous ! Enfin un peu de raison dans ce gloubiboulga géopolitique qui mêle histoire et orgueil national : le gouvernement macédonien a débaptisé l'aéroport et Alexis Tsipras, le 1er ministre grec, a décidé de commencer à négocier sérieusement.C'est un début, qui a été sévèrement critiqué dans les rues d'Athènes où des dizaines de milliers sont descendus pour protester. Mais quelque chose qui s'apparente à du bon sens a commencé à être utilisé de part et d'autre de la frontière gréco-macédonienne.
 

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