L'une des plus anciennes et des plus prestigieuses collections princières de bijoux et d'objets précieux au monde a été volée hier matin à Dresde, en Allemagne.
C'était hier matin, à Dresde, dans le sud-est de l'Allemagne. Vers 5 heures du matin, les alarmes d'un des plus célèbres musées allemands, le Grünes Gewölbe, ou "Chambre forte verte", se mettent à sonner. Les policiers y sont en moins de dix minutes... Trop tard : Les voleurs ont déjà pris la poudre d'escampette avec au moins trois somptueuses parures historiques de diamants et de pierres précieuses. Je dis "au moins" parce qu'ils ont fracturé à la hache des présentoirs contenant plus de 90 bijoux et objets précieux. En fait, ils se sont tout bonnement attaqué à l'une des plus anciennes et des plus prestigieuses collections princières de bijoux et d'objets précieux au monde : celle constituée par le prince électeur de Saxe Auguste II au XVIIIe siècle.
Un vol inestimable
Les premières estimations réalisées par la presse allemande sont affolantes : Bild, par exemple, parle de plusieurs centaines de millions d'euros, voire d'un milliard d'euros dérobés. C'est simple : ce serait le casse du siècle, autant en prestige qu'en butin.
En fait, on est bien incapable d'estimer les bijoux, puisque leur valeur historique excède de beaucoup leur valeur faciale. Ils sont au sens propre inestimable.
Mais la collection visée, elle, est unique : elle contient par exemple un saphir appelé le « nez de Pierre ». Un saphir de plus de 547 carats qui porte ce nom parce qu'il a été offert à Auguste II par le tsar Pierre 1er de Russie, et qu'il a vaguement la forme d'un nez. Celui-là, comme le diamant vert de Dresde – une merveille de 41 carats tout de même -, n'a pas été volé.
Comment les voleurs ont-il pu pénétrer cette "Chambre forte verte" ?
... et pourquoi « verte » d'ailleurs ? A cause de la couleur des plafonds où sont rassemblés les 3 000 pièces de la collection.
Comment sont-ils rentrés ? Avec audace ! Ils ont provoqué un incendie, obligeant les pompiers à arrêter un transformateur électrique par sécurité. C'était une diversion parfaite : le transformateur commandait l'éclairage public, celui du musée, ainsi que les systèmes d'alarme et quelques pâtés de maisons. Quelques minutes seulement, mais ça a suffi pour briser une fenêtre et entrer dans la salle du trésor.
Depuis hier, on ne parle que ce cela en Allemagne : les journaux en font évidemment leur une et le ministre de l'Intérieur du land de Saxe, Roland Wöller, s'est déclaré « dévasté » par la nouvelle, parce qu'on avait volé « aux Saxons bien plus que quelques bijoux ».
Pourquoi une telle émotion en Allemagne ?
Parce que c'est Dresde et surtout, parce que c'est cette collection-là. Je m'explique : Dresde, un bijou baroque, a été complètement détruite à la fin de la Seconde guerre mondiale. Et il a fallu attendre la réunification pour que la ville renaisse de ses cendres. Tout y a été reconstruit à l'identique, depuis la splendide église luthérienne, la Frauenkirche, jusqu'à précisément la « Chambre forte verte ». La première à été inaugurée en 2005 et la seconde a été rouverte au public en 2006. Cette collection et son écrin palatial, visité depuis par des millions de touristes essentiellement allemands, sont donc plus qu'une simple collection de bijoux. C'est le symbole d'une certaine renaissance allemande. Et c'est qui a été violé hier.
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