

Des manifestations qui tournent à l'émeute et au pillage. On compte au moins huit morts dans les rues du pays, la situation s'est aggravée ce weekend alors que l'armée a pris le contrôle de la capitale.
Direction le Chili, ce matin, où l'on manifeste violemment depuis plusieurs jours. Un couvre-feu a même été décrété à Santiago et dans toute la région ! Du jamais vu depuis 1987, c'est-à-dire depuis la dictature de Pinochet ! Le président Sabastián Piñera a même confié les clés de la capitale aux militaires ! C'est dire l'inquiétude du pouvoir.
Tout a commencé en fin de semaine par des centaines d'étudiants qui, ensemble, ont sauté les portillons du métro de la capitale pour protester contre l'augmentation du prix du billet, aussitôt imités par beaucoup de Santiagois.
Ils sont près de 3 millions à prendre quotidiennement le métro de la capitale et depuis son inauguration, en 2007, le prix du billet a doublé, passant de 400 à 830 pesos, c'est-à-dire environ un euros. Plus cher qu'à Buenos Aires, Sao Paulo ou Mexico.
Le métro, simple déclencheur d'une colère plus profonde
Mais le prix du ticket de métro n'est que le déclencheur : depuis ces premières opérations de désobéissance civile, les manifestations se sont succédées, les heurts très violents avec la police aussi. On a déjà relevé huit morts et des dizaines de blessés.
Et, ce week-end, ces manifestations, émeutes, pillages se sont étendues dans tout le pays. Des dizaines de supermarché ont été pillés et à Valparaiso l'immeuble du Mercurio, le plus ancien quotidien de langue espagnole, a notamment été incendié.
Première indication : le Mercurio est de tendance très libérale, très favorable à l'actuel président Piñera et il est connu pour avoir soutenu la dictature de Pinochet. Alors, bien sûr tout a commencé par une histoire de ticket de métro, mais la colère vient de loin.
Un Chili qui va bien économiquement...
En 30 ans, le Chili est sorti de la pauvreté pour devenir le plays le plus riche d'Amérique latine en terme de PIB par habitants. Plus riche que son voisin argentin, l'éternel frère-ennemi du Chili. Mais le Chili s'est développé en appliquant à la lettre l'ultra-libéralisme. Résultat, très peu de protection sociale et des services publics réduits aux acquêts. Mais aussi 11 des 18 millions de Chiliens qui vivent avec moins de 700 euros par mois
Ce qui signifie des hôpitaux et une santé publique exsangues, une éducation nationale de mauvaise qualité remplacée par des écoles et des universités privées hors de prix, donc des étudiants endettés, mais aussi une pression constante sur les salaires.
Le pays n'a jamais cessé de manifester depuis 2006
D'abord, depuis 2006 et les grandes manifestations étudiantes, le Chili n'a jamais cessé de manifester. Or, à ces revendications de meilleurs services publics et d'éducation gratuite les politiques n'ont pas apporté de réponses à la hauteur. La colère s'accumule.
Puis il y a la révélation que le président Piñera a bénéficié d'une ristourne fiscale sur une résidence secondaire, lui qui est millionnaire. S'ajoute cette phrase malheureuse : il expliquait il y a peu que le Chili était une « oasis » de paix en Amérique latine.
Enfin, il y a l'étincelle : le ministre de l'économie, Juan Andrés Fontaine, déclare il y a quelques jours que si les usagers du métro voulaient payer moins cher, ils n'avaient qu'à se lever plus tôt. Le prix du billet varie en effet en fonction de l'heure. Trop, c'est trop !
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