Le référendum raté du gouvernement roumain

La Roumanie a si peu voté pour modifier la définition de la famille dans la constitution que le référendum n’a pu être validé
La Roumanie a si peu voté pour modifier la définition de la famille dans la constitution que le référendum n’a pu être validé ©AFP - Andrei PUNGOVSCHI
La Roumanie a si peu voté pour modifier la définition de la famille dans la constitution que le référendum n’a pu être validé ©AFP - Andrei PUNGOVSCHI
La Roumanie a si peu voté pour modifier la définition de la famille dans la constitution que le référendum n’a pu être validé ©AFP - Andrei PUNGOVSCHI
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Ri-di-cu-le... Le gouvernement roumain s'est ridiculisé avec un référendum constitutionnel sur la définition de la famille et boudé par des Roumains désabusés. Une leçon de chose.

Le référendum raté en Roumanie est la preuve par A + B que le ridicule peut tuer en politique, même et surtout les populistes qui finissent toujours par se caricaturer eux-mêmes et par fatiguer, voire épuiser leur propre électorat. Mais revenons à ce référendum :

En 2016, une pétition circule dans le pays qui demande une modification de la constitution sur la définition de la famille. Pourquoi cette demande ? Parce que la Constitution roumaine utilise le genre neutre pour définir la famille.

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Ni féminin, ni masculin mais neutre. Ce qui laisse la possibilité ultérieure de définir une famille comme deux hommes, deux femmes ou un homme et une femme. L'Eglise orthodoxe voit le danger en cette période de reconnaissance du couple gay en Europe.

Une pétition signée par 3 millions de Roumains tout de même...

Et qui demande la précision constitutionnelle suivante : une famille est composée d'un homme et d'une femme et de leurs enfants. Et c'est là qu'intervient le ridicule troupier ou plutôt politique : les socio-démocrates au pouvoir y voient une occasion en or.

Cette pétition est transformée en référendum. L'écran de fumée parfait ! Pendant qu'on déverse des torrents de boue sur les homosexuels le tout appuyé par les prêches fiévreux du clergé orthodoxe, on ne parle plus de leur innombrables actions en corruption.

Encore faut-il le remporter ce référendum ! Alors le gouvernement roumain met toutes les chances de son côté : il abaisse le seuil de validation d'un référendum de 50% à 30% de participation. Quand à l'Eglise orthodoxe, elle multiplie les prières collectives.

Deux jours entiers pour voter... rien n'y a fait !

Alors même que le gouvernement a donné tout le weekend aux Roumains pour voter, le taux de participation a à peine dépassé les 20%... Un échec cuisant, simplement parce que les autorités ont oublié le principe numéro un de tout référendum :

Les électeurs répondent rarement, voire jamais, à la question posée mais à la question suivante : êtes-vous pour ou contre l'équipe de bras cassés qui vous a posé une question aussi stupide et qui vous fait passer pour un peuple d'arriérés sans avenir en Europe ?

C'est pile l'angle choisi par une campagne télévisée du « non » ou du surtout « n'allez pas voter ». Imaginez une assemblée d'enfants habillés comme dans la série américaine « La Servante écarlate » et une professeur revêche. Le spot imagine que le oui l'a emporté. 

Tout y est : la Roumanie revenue au parti unique, au « conducator », la loi morale et le chef suprême. Mais celui qui a fait la plus mauvaise opération, c'est le clergé orthodoxe : il s'est jeté a corps perdu dans cette bataille et il n'a récolté que la honte et le ridicule !