"Un nombre ahurissant de bustes de toutes époques, mais aussi une sculpture de chèvre grandeur nature dont la tête reconstituée a été sculptée par Le Bernin..." Une exposition exceptionnelle a lieu en ce moment à Rome. Des pièces cachées pendant plus d'un siècle sont aujourd'hui montrées au grand public.
Je ne vous en parlerais pas si elle n’était pas exceptionnelle cette exposition qui a commencé hier à Rome. Les musées du Capitole présentent jusqu’au 21 juin prochain, les Marbres antiques de la collection Torlonia. Une première depuis plus d’un siècle !
Pour comprendre, il faut revenir dans ce dernier quart du XIXe siècle au cours duquel des grandes familles aristocratiques romaines ouvrent au public les collections accumulées par leurs ancêtres : c’est l’âge d’or des Borghese, des Barberini, des Doria Pamphilj
Les princes Torlonia n’ont rien à leur envier, ni en termes de noblesse, ni de collections. En 1875, le prince Torlonia, fils d’avide collectionneur de sculptures antiques et passionné lui-même, décide donc de créer son propre musée.
Qu’est devenu ce musée ?
Il a ouvert au public une vingtaine d’année. Un catalogue des 620 chef d’œuvres du 5e siècle avant notre ère au 4e siècle après, a même été édité en 1884. Puis il a été fermé au public, la collection visible uniquement sur rendez-vous. Puis plus rien.
Plus de visites, les statues, bas-reliefs, sarcophages et autres bustes antiques ont tous été déménagés dans trois lieux de stockage différents à Rome et… personne ne les plus jamais vu. Les spécialistes de les connaissaient que grâce au fameux catalogue de 1884.
L’État italien a bien essayé de « libérer » ces chefs d’œuvres. Il négocie avec la famille depuis les années 60. Mais rien n’y fait, les chef-d’œuvres de la collection Torlonia prenaient la poussière dans le noir. Et, le miracle intervient enfin en 2016 !
Qu’est-ce que vous voulez dire par « miracle » ?
Le miracle, c’est un prince Torlonia plus amène que les autres. D’abord, il crée une fondation pour gérer le patrimoine familial. Puis il se met d’accord avec l’Etat italien pour, enfin, libérer les plus belles œuvres, c’est-à-dire les exposer.
Le résultat c’est cette exposition de 92 pièces exceptionnelles, toutes restaurées pour l’occasion. Pour vous, je me suis plongé dans de la presse italienne pour vous décrire ce qu’on y voit : on y trouve d’abord un nombre ahurissant de bustes de toutes époques.
Mais aussi une sculpture de chèvre grandeur nature mais dont la tête reconstituée a été sculptée par Le Bernin. C’est un deux en un ! On y trouve aussi le seul bronze la collection : une statue en pied du général romain Germanicus. Une splendeur !
Reste que la période ne se prête pas à l’aller-retour pour Rome !
C’est vrai que la pandémie de Covid19 a tout bouleversé. Mais c’est justement ce qui est émouvant avec cette exposition : envers et contre tout, elle a été maintenue. Les Italiens ont voulu faire, contre la maladie et la noirceur, le pari de la beauté millénaire.
Une dernière chose : une des pièces les plus remarquables est un bas-relief représentant une scène de shopping antique. Je trouve que cette frivolité antique, avec déesses grecques, répond bien à socialibilité aujourd’hui contrainte par un couvre-feu.
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