Les populistes européens à la peine

France Inter
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Partout en Europe, le Guardian de Londres constate un recul des partis populistes. Sondage et explications.

On part en Grande-Bretagne pour une enquête sur les populistes européens. Une enquête « qualitative » de l’institut de sondages YouGov et co-signée, par le grand quotidien de centre-gauche The Guardian. Que dit cette enquête ? Que les populismes sont en recul dans toute l’Europe et souvent de façon impressionnante.

Qu’est-ce qu’une enquête « qualitative » ? Eh bien ça consiste non pas à demander si l’on soutient ou non en Italie, la Ligue de Matteo Salvini ; en France, le rassemblement national ou en Allemagne, l’AFD mais plutôt à poser des questions très liées à ces partis.

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Comme par exemple la question de l’immigration ou celle de la corruption des élites ou encore celle qui voudrait que l’intérêt général des populations soit bafoué par la somme des intérêts particuliers des puissants. Or sur tous ces points, la chute est brutale.

Une chute partout en Europe

Par exemple, à la question suivante : « la puissance de certains intérêts empêche mon pays de progresser – qui est un thème central des populistes dans le monde, le peuple contre les élites – le nombre de personnes approuvant cette proposition chute partout :

De 11 points au Danemark ; de 9 points en Grande Bretagne ; de 9 points en Allemagne ; de 8 points en France ; de 6 points en Italie et de 4 points en Pologne. Mais sur la question de l’immigration aussi, la chute est très significative :

Le nombre de personnes qui approuve la phrase suivante : « les coûts de l’immigration surpassent les bénéfices ? » a chuté de 7 points en France et en Italie et de 5 points en Allemagne. Même si, lorsque la question est posée plus directement, le recul est effacé.

La pandémie rebat les cartes

Lorsqu’on demande si « à l’avenir, il faudrait moins d’immigration », les Français sont 51% à approuver contre36% en 2019. Même hausse dans sept des huit pays Européens de l’enquête : par exemple, 11 points de mieux en Italie en un an, 7 points en Suède.

Ce sont les politologues qui analysent cette enquête qui le disent : cette année, la pandémie de Covid19 a balayé les thèmes favoris des populistes et suscité une vague de soutien envers les partis traditionnels jugés mieux à même de gérer cette crise.

On le voit avec la déroute début octobre du FPÖ aux élections municipales à Vienne, passé de 31% à 9% ; ou encore les eaux basses des sondages italiens pour La Ligue de Salvini ou enfin, ceux de l’AFD, en Allemagne, qui sont repassés sous la barre des 10%.

Un volcan et une terre fertile

C’est exactement ce que craignent les spécialistes. L’un d’entre eux, un politologue de l’Université d’Amsterdam à une image très parlante pour l’illustrer. Il explique que la pandémie de Covid19 est comme un volcan : pour le moment, il engloutit les populistes.

Mais il laisse derrière lui une terre très fertile pour ces partis. Et cette terre, on le voit bien, c’est cette crise économique et sociale dantesque qui nous attend. D’ailleurs, les pays d’ores et déjà touchés sont aussi ceux qui voient le moins reculer les populismes :

En Espagne, le parti d’extrême-droite Vox recueille toujours de 15 à 17% des intentions de vote. En France, Marine Le Pen est au coude-à-coude avec Emmanuel Macron pour le 1er tour de l’élection présidentielle.

Le Covid a donc atténué les populismes, mais la peur du lendemain et l’effondrement de nos économies pourraient les faire renaître plus fort, très vite.

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