Manaus a souffert mais garde espoir

Vue aérienne sur la ville de Manaus sur le fleuve Rio Negro au Brésil.
Vue aérienne sur la ville de Manaus sur le fleuve Rio Negro au Brésil. ©AFP - Luisa Ricciarini/Leemage
Vue aérienne sur la ville de Manaus sur le fleuve Rio Negro au Brésil. ©AFP - Luisa Ricciarini/Leemage
Vue aérienne sur la ville de Manaus sur le fleuve Rio Negro au Brésil. ©AFP - Luisa Ricciarini/Leemage
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La cité amazonienne de 2 millions d'habitants a souffert plus qu'une autre de la pandémie de Covid19. Mais aujourd'hui, elle semble tirée d'affaire et cela étonne le monde. Explications.

On part pour Manaus ce matin, en plein Amazonie brésilienne. Une des villes du pays les plus durement touchées par la pandémie de Covid-19 alors que le Brésil est le 2e pays le plus éprouvé au monde, avec plus de 3 millions 600 000 cas pour un total de 115 000 morts. Les reportages datés du mois de mai étaient terrifiants.

En quelques jours, les hôpitaux de Manaus ont été débordés, des centaines de malades sont morts à domicile et les pompes funèbres travaillaient jour et nuit. La catastrophe semblait servie, car, en plus, cette ville de 2 millions d'habitants ne s'est pas confinée.

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Impossible ! La ville est pauvre et l'essentiel de la population de Manaus travaille au noir et, comme l'a expliqué à l'époque le maire à la presse, "confiner la population aurait surtout créé le chaos social et des violences urbaines incontrôlables".

Une sorte d'immunité collective atteinte

Eh bien, Manaus effare tous les observateurs : alors qu'il y avait au pic de l'épidémie 1 300 malades hospitalisés, ils ne sont aujourd'hui qu'environ 300. Quant à l'excédent de mortalité, qui était de 120 décès par jour aux pires moments, il est aujourd'hui nul.

En clair, l'épidémie semble maîtrisée. Mais soyons précis : Manaus a vraiment vécu une tragédie, avec en tout 3 300 victimes. En proportion, c'est comme si, en France, 100 000 personnes étaient décédées de la maladie.

Mais il semble malgré tout que la population de Manaus a atteint beaucoup plus vite qu'on ne pouvait le prédire une forme d'immunité collective. Alors restons prudent, ce virus peut muter et surtout on ne sait pas combien de temps peut durer cette immunité.

L'exemple de Guayaquil, en Équateur

Non ! Encore une fois, Manaus a connu en proportion 3 fois plus de morts que la France. Le confinement a donc fonctionné à merveille pour nous. D'ailleurs d'autres villes dans le monde ont, semble-t-il, aussi atteint cette fameuse immunité collective.

Certaines ont confiné leur population, comme nous : New-York et Milan. D'autres n'ont pas pu le faire, comme Guayaquil en Équateur. Une ville qui faisait la Une en avril avec ses cadavres dans les rues et qui est revenue "à une certaine normalité".

Guayaquil est un excellent exemple : on pensait qu'il fallait que 60 à 70 % de la population ait été en contact avec le virus pour atteindre cette fameuse immunité collective. Or à Guayaquil, ce pourcentage est mesuré à un tiers de la population.

Manaus pourrait avoir rendu service au monde

D'abord, il s'agit d'une bonne nouvelle : si ces premières constatations sur le terrain sont confirmées, ça signifie que dans beaucoup de villes et de régions du monde, notamment en Amérique latine, cette première vague pandémique est en train de mourir.

En contrepartie, les régions qui n'ont encore été atteintes par le virus peuvent logiquement s'attendre à devoir l'affronter dans les semaines et les mois qui viennent. Par exemple, plutôt Rome ou Naples en Italie que Milan ou Bergame, déjà frappées.

Avec cette différence énorme que nous savons désormais comment diminuer l'impact du virus : gestes barrières, masques et précautions avec les plus fragiles et les plus âgés. Manaus n'avait donc pas de stratégie, a vécu une tragédie mais, par son exemple, a rendu un fier service au monde entier.

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