Menaces de mort contre des candidats aux régionales espagnoles : quand certains rejouent la guerre d'Espagne

e, Pablo Iglesias, leader en campagne du parti d’extrême-gauche Podemos et vice-Premier ministre espagnol jusqu’au 1er avril, recevait à son domicile une lettre contenant 4 balles accompagnées de menaces de mort.
e, Pablo Iglesias, leader en campagne du parti d’extrême-gauche Podemos et vice-Premier ministre espagnol jusqu’au 1er avril, recevait à son domicile une lettre contenant 4 balles accompagnées de menaces de mort. ©Maxppp - Juanjo Martín/EFE/Newscom
e, Pablo Iglesias, leader en campagne du parti d’extrême-gauche Podemos et vice-Premier ministre espagnol jusqu’au 1er avril, recevait à son domicile une lettre contenant 4 balles accompagnées de menaces de mort. ©Maxppp - Juanjo Martín/EFE/Newscom
e, Pablo Iglesias, leader en campagne du parti d’extrême-gauche Podemos et vice-Premier ministre espagnol jusqu’au 1er avril, recevait à son domicile une lettre contenant 4 balles accompagnées de menaces de mort. ©Maxppp - Juanjo Martín/EFE/Newscom
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La campagne électorale pour les élections régionales à Madrid a pris un tour chaotique : des balles accompagnées de menaces de mort ont été adressées au leader du parti d'extrême-gauche Podemos.

L’élection cruciale aura lieu le 4 mai. C’est une élection anticipée et elle désignera la prochaine assemblée de la région de Madrid, la plus riche d’Espagne. Le chaos est venu suite à des menaces gravissimes adressées à l’un des leaders de la gauche espagnole.

Reprenons les faits : en fin de semaine dernière, Pablo Iglesias, leader en campagne du parti d’extrême-gauche Podemos et vice-Premier ministre espagnol jusqu’au 1er avril, recevait à son domicile une lettre contenant 4 balles accompagnées de menaces de mort.

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Il n’est pas le seul à avoir reçu ces menaces. Deux autres lettres avec balles ont été adressées au ministre de l’Intérieur et à la patronne de la Guardia Civil.

Des balles d'origine militaire

L’enquête commence à peine, mais on sait déjà qu’elles ont été envoyées en même temps par le même homme ou groupe. On sait aussi que les balles sont de calibre 7.62.

Or ce calibre correspond au fusil mitrailleur Cetme, une arme utilisée pendant des décennies par l’armée et les forces de sécurité espagnoles. Mais c’est aussi une arme qui n’est plus en service depuis au moins 20 ans.

Enfin, les enquêteurs se sont rendus compte qu’un terme utilisé dans les lettres renvoyait à un argot militaire : le mot « taponazo » qu’on peut traduire par « pruneau » ou « canarder ».

Une partie de l'armée travaillée par l'extrême-droite

Pas plus tard que début décembre, sur une boucle WhatsApp, un général de division à la retraite déclarait, je cite, qu’il « faudrait fusiller 26 millions de fils de p… ». Et comme il ne cachait pas son admiration pour Franco, on imagine qui était dans la ligne de mire.

Ces déclarations faisaient suite à une lettre ouverte adressée fin novembre au Roi d’Espagne, signée par 73 officiers à la retraite dans laquelle ils exprimaient leur inquiétude face à un gouvernement « socialo-communiste » appliqué « à « dégrader l’Espagne ».

"Démocratie contre fascisme"

D’ailleurs, ces prises de position ne reflètent celles de de l’ensemble des forces armées espagnoles qui restent très majoritairement loyales à la Démocratie. Mais par contre, elles disent parfaitement un instant politique très délicat que vit l’Espagne.

En clair, certains sont en train de rejouer politiquement la Guerre civile espagnole.

Comme en ce moment à Madrid, dans cette campagne électorale folle résumée ainsi par un des candidats : « c’est démocratie contre fascisme ».

Or rejouer la Guerre d’Espagne est à la fois efficace et très dangereux. Efficace parce qu’à l’extrême-droite comme à l’extrême-gauche, ça a l’avantage de mobiliser ses électeurs. Même si je n’oublie pas que la victime, dans cette affaire, est à gauche.

Mais c’est aussi une tactique très dangereuse parce qu’elle désigne des cibles. Prenez les 3 destinataires de ces balles. Il y a donc un leader de gauche mais aussi une femme, la cheffe de la Guardia civil, et un gay, le ministre de l’Intérieur espagnol. Tout est dit.

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