La Transat Jacques Vabre

France Inter
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Le point sur la Transat Jacques Vabre__

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Ca y est les voilà, ils arrivent…. Les skippers de la Transat Jacques Vabre accostent à Itajai au Brésil, les uns après les autres, avec leurs bonnes gueules brûlées de soleil et leurs yeux rouges de fatigue. Dans une certaine discrétion, il est vrai, tant la course en double passionne moins le public que l’affrontement en solitaire.

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Les uns sont toujours bons, victoire de François Gabard ou Vincent Riou par exemple. Les autres… ont souvent cassé. La moitié de la flotte au tapis en multicoque, que ce soit dans la classe des géants que dans celle des 15 mètres. Hécatombe chez les bateaux du type Vendée Globe. Seuls les petits voiliers de 12 m semblent échapper à la tendance. Au total un taux d abandon presque double de d’habitude.

Casser fait partie de la vie des marins. Surtout quand on prend un départ via le golfe de Gascogne qui n’est pas réputé facile à l’approche de l’hiver et qu’en fin de parcours, près du Brésil , un vent de face puissant malmène des bateaux et des équipages fatigués. Voiles qui se déchirent, petites voies d ‘eau, usure des cordages, groupe électrogène récalcitrant… on a beau partir en se disant qu’on a tout vérifié, la mer a plus d ‘imagination que les équipes de préparation et trouve la moindre faille.

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Disons tout de suite que l’ambiance, en course au large a changé progressivement. Fini les aventuriers. Traverser l’Atlantique est une formalité. Seule la course compte. Si on est retardé par une avarie, inutile de s’obstiner. Les géotrouvetouts qui bidouillaient jusqu’à un mât de rechange ont disparu. On jette plus facilement l’éponge qu’avant.

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Deuxième raison, les transats sont devenues des galops d ‘essai autant que des courses en elles-mêmes. C’est particulièrement vrai pour les 60 pieds du Vendée Globe.Dans cette classe, on note d‘inquiétants problèmes de structure pour trois voiliers au moins. C’est un peu embêtant quand on s’apprête à se lancer dans les 40 èmes rugissants en solitaire... Avant la grande confrontation de l’an prochain, les bateaux neufs mis à l’eau un peu vite voulaient surtout se tester et casser ce qui doit casser.

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Mais là, quand même, il va y avoir du grabuge du côté des architectes. Et puis, il y a la fameuse questions des foils, ces sortes de gigantesques cuillères en carbone censées permettre au voilier de sortir quasiment toute la coque de l’eau, pour voler, en quelque sorte. Les skippers comptaient beaucoup sur cette course pour trancher de l’intérêt des foils... c’est raté. Le premier PRB n’en a pas, le second Rothschild en a. Ce qui est sûr, c’est que les développements d’architecture rendent les bateaux de plus en plus violents et incontrôlables par un homme seul. Quand vous avancez à 25 ou 30 nœuds dans les mers gigantesques du Grand Sud, ce n’est plus une question de vitesse mais de survie, une bonne partie du temps. Les sponsors vont peut être finir aussi par dire leur mot. Remettre quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros pour réparer leur monture est une chose. Voir leur bateau s’arrêter au stand après quelques jours d’une course que l’on a mis des années à préparer en est une autre.

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Seuls finalement les petits voiliers de 12 mètres, sans doute plus sages passent au travers de la casse en série. Oui, mais ils n’intéressent pas grand monde.

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Et si les pousse au crime, finalement, ce n’était pas nous, le public, qui en demandons toujours plus ?

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Allez, bonne arrivée à tous les marins … et marines, au Brésil et on en reparlera la prochaine fois.