

Une pléiade de vedettes sur vos écrans cette semaine. Celà suffit-il a faire de bons films ? L'avis éclairé de Laurent Delmas et Christine Masson
La fracture de Catherine Corsini
Raf et Julie, un couple au bord de la rupture, se retrouvent dans un service d’Urgences proche de l'asphyxie le soir d'une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l'extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue…
Christine Masson : "Au travers d'une fiction, la réalisatrice ausculte la colère en France : celle des gilets jaunes associée à celle de l'hôpital au bord du gouffre, dans une unité de temps, une nuit, de lieu, l'hôpital. Quant à l'action, elle est multiple. Mais pourquoi charger la barque à ce point et multiplier les péripéties, avec notamment une prise d'otages totalement superflue et qui noie un sujet déjà fort en soi. Quant à la rencontre de ces deux mondes, on frise parfois la caricature, surtout dans le discours de Yann, censé représenter les gilets jaunes réduits à pas mal de naïveté."
Laurent Delmas : "Traiter du réel de l'histoire immédiate, bravo. Le cinéma français ne le fait certainement pas assez. C'est une vraie prise de risque. On prend acte, d'accord, mais il faut aussi juger du résultat. Le résultat, c'est que effectivement, on est dans une série de clichés sur les classes sociales françaises. On est dans un manque de caricature de complexité absolue, depuis la bobo jouée en bobo foldingue par Bruni-Tedeschi jusqu'à Pio Marmaï en gilet jaune grande gueule. Là aussi, on a l'impression d'un manque de complexité total.
Il y a une morale quand même, qui est d'une gentillesse à faire peur. Parce qu'il suffirait donc de se parler pour que ça aille mieux entre nous. Vraiment, quand on quand on croit à la lutte des classes, quand on croit à ça, on se dit que ce serait juste une affaire de com. Moi, je n'en suis pas tout à fait certain."
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The French Dispatch de Wes Anderson
The French Dispatch met en scène un recueil d’histoires tirées du dernier numéro d’un magazine américain publié dans une ville française fictive du 20e siècle
Christine Masson : "The French Dispatch, qui met en scène un recueil d'histoires tirées du dernier numéro d'un magazine américain publié dans une ville française fictive du vingtième siècle. Une sorte d'hommage très chic à cette revue, le New Yorker. Trois histoires truffées de références lisibles peut être par le seul Wes Anderson, avec des tas d'acteurs connus dans le cadre, coincés dans les décors, un peu comme des maquettes, ces décors et les acteurs, un peu comme des marionnettes, figées dans le formol d'une nostalgie, mais laquelle? Celle de Mai 68, dans un deuxième sketch assez abscons et finalement très ennuyeux. Reste à observer pour passer le temps, ce cabinet de curiosités, et dire bravo aux décorateurs."
Laurent Delmas : "C'est la caricature du cinéma de Wes Anderson par lui même. Il y a du burlesque, de l'ironie, de l'humour écrit et souvent surjoué d'ailleurs. C'est du 'bizarre, vous avez dit bizarre' érigé en règle du jeu. Le spectateur, progressivement, s'asphyxie devant tant d'auto références et presque d'autosatisfaction, devant cet océan d'incongruités sans queue ni tête. C'est le système Anderson, mais ici, il tourne non pas à vide, mais à circuit fermé."
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Las Ninas de Pilar Palomero
1992. Celia est une jeune fille de 11 ans qui vit avec sa mère à Saragosse et étudie dans un collège pour filles dirigé par des bonnes sœurs. Brisa, une nouvelle camarade arrivant de Barcelone, l’entraîne vers une nouvelle étape de sa vie : l’adolescence.
Laurent Delmas : "C'est un premier film au format carré intéressant cinématographiquement. Le passage à l'adolescence a déjà été un beaucoup traité. Qu'est ce que ça donne? Ça donne justement un film intéressant parce que même dans ce champ là, la réalisatrice arrive à montrer des choses intéressantes à saisir des moments de ce passage, de cette transition, avec notamment un casting extraordinaire. Au premier rang d'entre eux, la jeune fille Célia, qui a onze ans et qui est au centre de ce film"
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Lui de Guillaume Canet
Un compositeur en mal d’inspiration, qui vient de quitter femme et enfants, pense trouver refuge dans une vieille maison à flanc de falaise, sur une île bretonne déserte. Dans ce lieu étrange et isolé, il ne va trouver qu’un piano désaccordé et des visiteurs bien décidés à ne pas le laisser en paix.
Christine Masson : "Pourquoi le titre, Lui ? Parce qu'ils sont deux. Guillaume Canet, lui et l'autre. Celui qui trompe sa femme, laquelle débarque avec sa maîtresse à lui. On dirait du Blier, mais sans les dialogues qui fusent."
Laurent Delmas : "À force de s'auto analyser sauvagement, Guillaume Canet en devient ultra complaisant à l'égard de lui même. Il en oublie le spectateur. Et est ce que vraiment, la question fondamentale qui est la difficulté de choisir entre Laetitia Casta et Virginie Efira, est-elle vraiment, vraiment, vraiment à l'ordre du jour de nos jours"
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Oray de Mehmet Akif Büyükatalay
Lors d’une dispute, Oray répète trois fois le mot talâq à sa femme Burcu ce qui, dans la loi islamique, signifie la répudiation. Fervent pratiquant, il va chercher conseil auprès de l’imam de sa ville qui lui impose une séparation de trois mois. Il profite de cette décision pour partir vivre à Cologne et y construire une nouvelle vie pour Burcu et lui. L’imam de sa nouvelle communauté, ayant une vision plus rigoriste de la loi islamique, lui intime de divorcer. Oray se retrouve alors tiraillé entre son amour pour sa femme et sa ferveur religieuse.
Laurent Delmas : "Un film d'un réalisateur allemand d'origine turque sur un homme allemand d'origine turque. C'est une description très subtile, très fine dans la façon dont une religion s'arroge en quelque sorte le droit de donner à chacun une identité. Seulement cette identité doit impérativement se fondre et se dissoudre dans une identité collective religieuse. Ça porte cet enjeu là et ça montre finalement l'histoire d'un emprisonnement personnel et individuel progressif dans des lieux qui sont des appartements qui se réduisent petit à petit et pour une mosquée qui devient tentaculaire."
Le pardon de Maryam Moghadam, Behtash Sanaeeha
Iran, de nos jours. La vie de Mina est bouleversée lorsque son mari est condamné à mort. Elle se retrouve seule, avec leur fille à élever. Un an plus tard, elle est convoquée par les autorités qui lui apprennent qu'il était innocent. Alors que sa vie est à nouveau ébranlée, un homme mystérieux vient frapper à sa porte. Il prétend être un ami du défunt et avoir une dette envers lui.
Christine Masson : "Un film réquisitoire sur la justice en Iran, est-ce à dire qu'il arrive trop tard, peut être bien. Après les films de Farhadi et surtout avant ces films de Rasoulof, Le diable n'existe pas."
Laurent Delmas : "Ça m'a semblé une bouffée d'air dans le système Farhadi. D'ailleurs, le propre, c'est que l'histoire part à la limite, là où ça se termine chez Farhadi. La décision est déjà prise ici, comme un couperet et c'est ça qui est très intéressant. Et du coup, effectivement, les thèmes Farhadiens, le pardon, la recherche de la rédemption, le rachat, tout ça, ça devient une façon de les revisiter qui est très intéressante."
Le périmètre de Kamsé de Olivier Zuchuat
Dans le Nord du Burkina Faso, la désertification grignote les terres et l’immigration vide les villages. A Kamsé, villageoises et villageois restés sur place se sont lancés dans un chantier pharaonique, creuser dans la fournaise, à la pelle et à la pioche, un réseau de digues et de mares, puis planter des milliers d’arbres pour reverdir et fertiliser les zones conquises par le désert. Une bataille menée par les femmes. Et dans la chaleur aveuglante, une digue se dresse, un lieu se transforme. À Kamsé, il est espéré que ceux qui ont émigré reviennent ensuite.
Laurent Delmas : "Très beau documentaire, parce que ça montre une façon de lutter contre le contre la nature, de lutter contre le poids de ce qui va se passer. Avec un format en scope et des plans larges et fixes, c'est à dire une cinématographie qui refuse l'idée qu'il faudrait filmer salement, en quelque sorte, presque la misère et les difficultés du temps. Donc, il y a une attention portée du coup aux hommes inscrit dans ces paysages là qui est magnifique."
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