Publié en 1942, ce livre culte est à la fois un texte amoral et profondément humain. Abd Al Malik artiste, auteur compositeur et humaniste raconte son engouement pour le grand frère Camus. L'équipe chahute le texte, mais avec une infinie tendresse.
- Albert Camus Écrivain et intellectuel français
Livre et Châtiment, l'émission qui transforme les sages bibliothèques académiques en appétissante casbah littéraire, pleine de couleurs et de sons.
Pour éclairer le texte, Clara Dupont-Monod reçoit Abd Al Malik, auteur compositeur, interprète, auteur de Camus, l'art de la révolte, paru chez Fayard. Il signe également un livre intitulé Réconciliation chez Robert Laffont
A leurs côtés : Liliane Roudière (journaliste et auteure) et Elodie Emery, (journaliste et chroniqueuse radio) décryptent le roman sans se départir de leur humour habituel.
Résumé du livre :
Récit intérieur de Meursault, employé de bureau anonyme pour les autres et pour lui-même, qui tue de cinq balles un Algérien sur la plage de Tipaza à Alger.
Clara Dupont-Monod
"La voix du narrateur est celle d'un jeune homme qui vit à Alger, il travaille dans un bureau, il enterre sa mère, couche avec une copine, est mêlé à une histoire louche et tue un algérien – tout ça raconté au même niveau, d'une voix calme et sans affect. Après son crime, il est condamné à mort, et c'est là, dans sa cellule, que l'absurde lui saute aux yeux : l'absurde du système judiciaire et de la condition humaine..."
Pour L'étranger le monde est un sac de chaleur, de bruit, de faim, le monde est une affaire sensorielle.
L’analyse de l'ouverture du roman par Elodie Emery :
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut- être hier, je ne sais pas.
"Si on était entre personnes comme il faut, il aurait fallu dire : « Je vais très mal, ma mère est décédée aujourd’hui ». En disant « Aujourd’hui, maman est morte », Camus campe d’emblée son narrateur en dehors des conventions, à la marge, étranger (clin d’œil clin d’œil) à nos façons de procéder. Et il fait tout ça en quatre mots. C’est sans doute la raison pour laquelle il s’agit de l’une des phrases les plus célèbres de la littérature française. Alors que ma phrase « Je vais très mal, ma mère est décédée aujourd’hui », ne passera probablement pas à la postérité."
Abd Al Malik :
Meursault est un personnage sans philtre en cela il nous bouscule, mais il est aussi dans une sincérité totale, qui souligne par contraste le jeu factice des conventions.
"Camus conçoit son œuvre en trois temps : l’absurde, la révolte puis l’amour. Sa mort accidentelle ne lui a pas permis de développer le thème de l’amour."
Meursault est un homme comme tout le monde, c’est-à-dire un homme capable du pire... le monstre n’est pas hors de nous, nous dit Camus.
"Pour le colon, l’Arabe n’a pas d’identité, d'où l'absence de prénom."
Camus m’a tout de suite parlé, c’est un frère. On ne lit pas L'étranger avec le même œil à 15, 20 ou 40 ans, c'est le signe des chefs d'œuvre !
Son passage favori : (Meursault depuis sa prison.)
"Il y a des choses dont je n’ai jamais aimé parler. Quand je suis entré en prison, j’ai compris au bout de quelques jours que je n’aimerais pas parler de cette partie de ma vie. Plus tard, je n’ai plus trouvé d’importance à ces répugnances. En réalité, je n’étais pas réellement en prison les premiers jours : j’attendais vaguement quelque événement nouveau. C’est seulement après la première et la seule visite de Marie que tout a commencé. Du jour où j’ai reçu sa lettre (elle me disait qu’on ne lui permettait plus de venir parce qu’elle n’était pas ma femme), de ce jour-là, j’ai senti que j’étais chez moi dans ma cellule et que ma vie s’y arrêtait."
Clara Dupont-Monod :
Il y a une telle absence de conscience chez Meursault, qu’il éveille parfois chez moi des envies de coups de pelles !
Pour régler son compte à Meursault, décidément insensible à tout sauf à la caresse du soleil, Clara Dupont Monod a imaginé la revanche de la mère du personnage, quelque peu revêche, dans un sketch entonné avec Élodie Emery.
Elodie Emery
Pour pimenter vos dîners, la chroniqueuse lance un jeu intitulé : "C’est quoi son problème à Meursault ? ", elle suggère plusieurs hypothèses : Meursault serait au choix : dissocié, narcoleptique ou bouddhiste...
L’Etranger est une lecture dérangeante, mais être dérangé avec une plume pareille, avec autant de mystères et d’envolées sublimes, c’est délicieux !
Liliane Roudière
Liliane Roudière place un personnage secondaire sous le feu des projecteurs. Cette semaine, Focus sur le personnage de Raymond.
"Raymond révèle la part d'ombre, déchire le mystère de Meursault. Avec des amis aussi amoraux que Raymond, pas besoin d'ennemis."
La playlist de l'émission :
- Rachid Taha : Rock the casbah
- Ibeyi : Made of gold
- M : Grandes oreilles
La minute farfelue du Libraire
Cette semaine découvrez l’anecdote relatée par Bénédicte Cabane de la librairie des Danaïdes à Aix-les-Bains. En partenariat avec la revue Page des libraires à retrouver tous les deux mois chez votre libraire.
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