
"La part des flammes" de Gaëlle Nohant au Livre de poche est un roman sur un fait historique dramatique.
Les flammes se sont celles qui dévorent à une allure folle le Bazar de la charité. Rue Jean Goujon, près des
Champs-Elysées, la foule se presse cet après-midi dans ce hangar transformé en salle de vente où tout est en bois et le toit enduit de goudron. C'est "là" où il faut être ce 4 mai 1897. Les dames de la haute société se sont battues pour y participer. L'attraction c'est l'une des premières projections de cinéma avec l'entrée en gare d'un train à La Ciotat. Le feu va partir de l'appareil et décimer les grandes familles comme les plus modestes. 126 morts, plus de 400 brulés et blessés.
Gaëlle Nohant fait de ces femmes qui prennent feu, des sœurs, des amies, des parentes. La panique dans cette cohue de grandes robes et de chapeaux, les portes fermées, les culs de sac.
Les palefreniers, dandys, cochers transformés en sauveteurs extirpent les femmes de ce brasier comme ils peuvent. Il faut parfois briser les doigts de certaines accrochées aux barreaux des grilles, grilles qu'il faut scier pour les libérer. Les survivantes seront gravement brulées, défigurées, mutilées. Gaëlle Nohant nous fait revivre avec une folle intensité ces heures effroyables et les jours qui suivirent.
Et nous entrons dans la vie de 3 de ces femmes. Constance jeune fille élevée chez les sœurs qui se bat contre les élans de son cœur, Mary Holgart jeune américaine moderne et la comtesse Violaine de Raezal jeune veuve et pivot de l'histoire. Et il y a le fantôme de ce personnage historique disparu dans l'incendie, la duchesse d'Alençon, sœur cadette de l'impératrice Sissi. Pourquoi semble-t-elle s'être enfoncée dans les flammes au lieu de se sauver ?
Mais surtout à travers ces vies Gaëlle Nohant met en lumière la misogynie, la violence faite aux femmes duchesse ou ouvrière, la pauvreté des uns, l'hypocrisie du monde des autres et le pouvoir de l'argent. C'est un roman poignant et passionnant.
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