
Le 29 octobre dernier, la Chine a autorisé les familles a avoir un deuxiéme enfant. "La route sombre" de Ma Jian chez "J'ai Lu" raconte l'histoire d'un couple qui dans les années 80 brave l'interdiction et fuit les autorités a travers le pays. C'est un roman fort, terrible et il faut avoir le coeur bien accroché pour le lire mais il est passionnant. Il y a eu la revolution culturelle, les massacres de la place Tien an men et les procés politiques, mais il y a eu aussi le planning familial qui a mené dans tout le pays une campagne meurtriére. Meili et Kongzi sont des paysans, plutot bien installés avec leur petite fille de 3 ans. Mais Kongzi rêve d'un fils, lui qui descend de Confucius et qui désire ardemment continuer la lignée. Meili tombe a nouveau enceinte, sans autorisation du parti. Dans leur village plusieurs femmes viennent de subir des avortements forçés, les maris punis de fortes amendes et s'ils ne peuvent pas payer les maisons sont rasées. Le couple decide alors de fuir vers une province ou les agents de controle seraient moins regardants. Leur periple donne une image surprenante d'une Chine déconstruite. Dans ces années 80-90, c'est un pays où les habitants vivent dans la peur, repliez sur eux-memes, pour la majorité dans une extreme pauvreté. Meili enceinte de 8 mois sera rattrapée par les agents du planning familial et subira un avortement effrayant. En fait ce roman provoque invariablement la révolte et la colére contre des autorités sanguinaires, inhumaines, corrompues. Meili et Kongzi se refugient sur un bateau et descendent le Yangsé. C'est la découverte de toute une population qui vit en marge, au bord de l'eau ou sur des iles, des hommes exclus de la société et des femmes victimes d'une violence inouie. C'est un éclairage cru et sans concession qui fait froid dans le dos. Mais c'est aussi un roman sur l'amour et la volonté de vivre. Un livre déchirant.
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