Le syndrome du bébé secoué

Le syndrome du bébé secoué
Le syndrome du bébé secoué ©Getty - Mayte Torres
Le syndrome du bébé secoué ©Getty - Mayte Torres
Le syndrome du bébé secoué ©Getty - Mayte Torres
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Gwenaëlle revient sur cette campagne de prévention qui vient d’être lancée par le gouvernement pour sensibiliser tous les parents et éducateurs au syndrome du bébé secoué. Ce terrible geste qui provoque chaque année la mort de plusieurs dizaines voire centaines de bébés…

Depuis le 17 janvier, le gouvernement a lancé une campagne de prévention sur internet pour sensibiliser les parents (mais aussi les assistantes maternelles) à ce terrible geste qui provoque chaque année la mort de plusieurs dizaines voire centaine de bébés… Ce petit clip de 24 secondes est glaçant. On y voit un plan fixe sur un baby phone... duquel sortent à la fois des pleurs d’un bébé et la voix d’un papa excédé, à bout, qui hurle sur l’enfant. Et puis soudain, plus rien.

Ce geste, quel est-il exactement ?

Il s’agit tout simplement d’une vive secousse du bébé qui, avec la force d’un adulte, est dramatique pour le cerveau de l’enfant. Une fois sur dix, ce geste provoque la mort. Pour les autres, ce sont de graves séquelles.

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Et malheureusement… ça peut arriver à tout le monde…

Je me souviens très bien qu’à la naissance de ma fille, à la maternité, il y avait dans ma chambre une affiche de prévention portée par le personnage du Chat, de Philippe Geluck. Une affiche assez humoristique d’ailleurs qui disant quelque chose comme "il ne faut jamais secouer un bébé". Je me souviens très bien qu’à l’époque, regardant ma fille dans son berceau et cette affiche, je me disais "il faut vraiment être con pour faire ça… secouer son bébé…" Je me souviens parfaitement ne pas m’être sentie concernée par ce message…

Et puis de retour à la maison, les semaines ont passé. Les journées alternaient entre émerveillement devant ce petit être, fatigue du quotidien et moments de tension intérieure. Je me souviens avoir découvert que les pleurs de ma fille me retournaient les tripes… oui, je me souviens avoir découvert un organe en moi jusqu’alors inconnu / qui pouvait soudain se tordre en entendant ces pleurs nouveaux… et cela suscitait en moi une terrible angoisse…

Lorsque ma fille se mettait à pleurer longtemps, par exemple lors de ce fameux moment de fin de journée où rien n’arrivait à l’apaiser… Cela me mettait dans un état de stress difficile à supporter.

Pendant des semaines et des mois, on m’avait préparée à l’accouchement : respirer, pousser etc. mais que faire devant les pleurs d’un bébé ? ça personne ne m’y avait préparée.

Une fin d’après midi, ma fille s’est ainsi mise à pleurer longtemps, longtemps. J’ai essayé le sein, je l’ai bercée, j’ai chanté… rien n’y faisait. Elle pleurait, pleurait et moi… j’étais "incapable" de la calmer… "Incapable"… voilà le mot qui tournait en boucle dans ma tête, me renvoyant à une sorte d’incompétence dont j’étais forcément responsable.

Et là, je m’en souviens très bien… je crois que cette fois-là, j’aurais pu secouer ma fille, comme ça, l’espace d’une seconde… Mais soudain, l’affiche de la maternité m’est revenue. Comme un flash, la tête du Chat est venue s’interposer pour me dire STOP. Non, ne fais pas ça ! Alors j’ai posé ma fille, je l’ai laissée pleurer dans son lit, j’ai appelé mon mari au travail en lui disant "s’il te plait, reviens vite parce que là, je vais faire une connerie". Il a tout plaqué, est rentré plus vite que l’éclair, a tout pris en charge. Et moi, je suis partie faire un tour.

Ce jour-là, je me suis dit que cette histoire de bébé secoué, eh bien, ça pouvait arriver à tout le monde. Que c’était l’histoire d’une seconde, d’un mauvais réflexe… Mais qu’un rien pouvait aussi changer la donne. Cette fois-là, j’ai pensé aux femmes seules qui n’avaient parfois personne pour prendre le relais…

Alors puisqu’il suffit parfois d’une image, d’un Chat, d’une phrase, souvenez-vous juste de ça : 

un bébé ne mourra jamais de pleurer, en revanche il peut mourir d’être secoué. 

Alors si un jour vous sentez que vous allez craquer, que vous n’en pouvez plus, que vous n’êtes plus en état de raisonner, non, ce n’est pas que vous êtes un mauvais parent, c’est juste que vous avez besoin d’air… et d’aide. Alors confiez-le au voisin, à la voisine, au boulanger, à qui vous voulez… posez-le sur le dos dans son lit et sortez respirer un bon coup. Voilà, ça tient juste à ça.

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