Chaque mercredi, Gwenaëlle Boulet décortique un aspect de l'éducation. Cette semaine : les devoirs à la maison, un sujet très inspirant pour elle.
Je suis très contente d'être avec vous ce matin que d'être en train de faire réviser la table des quatre, ou pire la table des sept, que je commence à bien connaître.
Une mère calme, pourtant
Bien sûr, je suis l'incarnation du calme et de la patience, je suis le Dalaï-Lama des devoirs, le Petit bambou des leçons d'histoire géo, la Maria Montessori du calcul mental, une pédagogue née... Mais non, bien sûr que non. Je n'ai aucune patience en matière de devoirs. En même temps, ce qui est pas mal, c'est que je me suis très vite aperçue de mes limites dans ce domaine. Je peux même vous dater le jour où j'ai réduit au maximum en lien avec les devoirs de mes enfants et où nous avons tous retrouvé une forme de sérénité.
Ma fille était en CP. C'était un soir, vers le mois de décembre. Petite lecture de textes sur un lapin qui mange une carotte. Mais bon, ce jour là, le déchiffrage était franchement laborieux et ma fille pas hyper concentrée sur la tâche.
Moi, je pensais surtout à tout ce que j'avais à faire à ce moment-là et cette lecture n'en finissait pas. Alors, soudain, en plein milieu du lapin qui mange sa maman, je me suis mise à hurler de façon légèrement hystérique quelque chose du genre : "Mais concentre-toi, bon Dieu, c'est quand même pas compliqué !". En plus fort et moins poli, bien sûr.
Oui, je sais, c'est mal. C'est très, très mal de gueuler sur son enfant. Mais bon, voilà. La patience n'étant pas mon fort. Les lenteurs de l'apprentissage sont parfois au-dessus de mes forces.
En voyant le visage déconfit de ma fille, je me suis dit qu'on partait sur de très mauvaises bases
Mon mari avait déjà vécu quelques scènes épiques avec mon beau-fiston sur le sujet. Alors si j'étais déjà dans cet état avec elle en CP, ça n'allait pas du tout le faire.
J'ai donc fait appel aux dieux d'Internet qui, après avoir tapé quelques mots du style "devoirs", "enfants", "parents", "crise", "aide", m'a proposé un vieux livre de Philippe Meirieu intitulé Les devoirs à la maison pour en finir avec ce casse-tête. Et bingo !
Dans ce livre que l'on peut trouver encore d'occasion, je crois, le célèbre pédagogue Philippe Meirieu retrace brillamment tout ce qui se joue affectivement entre un parent et son enfant au moment des devoirs.
Outre le fait que les devoirs à la maison aggravent les inégalités sociales, ils sont donc normalement interdits.
Ces instants sont trop souvent, comme il le dit, saturé d'affectivité.
À nous tous qui, nous rêvons en pédagogues, mais ne sommes pas capables d'expliquer sereinement toutes les ficelles du calcul et de la grammaire à nos enfants, Meirieu nous redit en quoi enseigner est tout simplement un métier avec des compétences particulières et que vouloir s'y confronter coûte que coûte avec son enfant, au prix parfois de terribles tensions, confrontations, crispations et autres déceptions est très souvent contreproductif et source de souffrance.
Alors, à ce stade de ma lecture, je me sentais déjà soulagée...
La suite est à écouter...
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