Ce matin Marie Perarnau fait une petite analogie entre les mathématiques et la vie de parents. Car ce qui nous semble évident à tous concernant tous les apprentissages accessibles à toutes et tous, dont les mathématiques, n’est manifestement pas si évident pour celui d'être parent.
Alors tout d’abord je tenais à vous remercier Clémence Perronnet d’avoir mis en mot cet inéluctable glissement des filles, du scientifique vers le littéraire parce qu’elles étaient “nulles en maths”, ou juste parce qu’elles pensaient ne pas être faites pour ça. Pour moi, s’il ne fallait retenir qu’une seule chose de votre longue et passionnante enquête, c'est que rien n’est inné. Qu’on ne naît pas fort en maths mais qu’on le devient, ou qu’on peut, en tout cas, le devenir. Et ça, disons-le, ça peut s’appliquer à beaucoup de choses dans ce que l’on entreprend dans la vie : le curling, le tango, mais aussi la pêche à la truite et probablement l’aqua poney.
Non alors, j’ai bien vu que cette chronique s’intitulait “vie de parents” et ça tombe plutôt bien parce que je suis moi-même quatre fois parent alors je vais plutôt parler de ce que je connais. De fait, je vais reprendre votre réflexion à mon compte Clémence en disant que, contrairement à ce que beaucoup de monde semble penser, on ne naît pas non plus parent, mais on le devient.
Être parent : un apprentissage aussi complexe !
Cet apprentissage-là est certainement le plus différent de tous, celui du devenir parent alors qu’il me semble être l’un des plus complexes, l’un des plus engageants, puisqu’il s’agit tout de même, je le rappelle, d’élever des êtres humains afin qu’ils soient des adultes heureux et épanouis (comme nous).
On doit apprendre à devenir parent ?
Hé oui, cela ne vous viendrait pas à l’idée de vous lancer sur une piste noire sans avoir appris à skier (sauf si vous êtes très joueur). Et pourtant, lorsque l’enfant paraît, on nous demande de savoir faire avant même d’avoir appris. À peine notre bébé arrivé, à peine posé sur notre ventre, on nous demande d'être parent. Ah non, pardon, on nous demande d’être un bon parent, voire même, un parent parfait.
Alors c’est quoi justement un parent parfait ?
Ah mais ne me demandez pas, je ne sais pas. En revanche, le monde entier le sait, et se demande pourquoi vous, manifestement vous ne l’êtes pas. Il faudrait donc, sans avoir ni appris, ni même pratiqué, être un parent parfait. Pas de cours magistral, pas de TP, pas d’aide personnalisée. Juste vous, parent autodidacte qui devez apprendre sur le tas.
Alors je sens que vous vous demandez quelles sont les compétences requises pour être un parent parfait. Je m’en vais vous citer quelques extraits du référentiel de compétences qui, vous allez le voir, est plutôt exigeant. Validez-vous ces items chez vous ?
● Le parent est capable de changer une couche dans un TGV
● Le parent comprend avec rapidité les raisons qui poussent son enfant à ne pas dormir/à pleurer/à refuser les gnocchis poêlés.
● Le parent réussit à remplir 18 fiches sanitaires et 37 fiches de renseignements pour l’école tout en lançant des lessives et en retrouvant un doudou perdu
● Le parent mobilise sa compétence de décodage en parlant à son adolescent en comprenant les “askip/c’est fumé/je suis ban de discord et de vas-y j’avoue”
Sachez-le pourtant, même après 14 ans d’apprentissage intensif je ne coche pas beaucoup de ces compétences parentales selon mes enfants. Par exemple, je ne valide pas la compétence “est hilarante en toute circonstance” lorsque je découvre les serviettes de bain trempées sur le sol de leurs chambres.
Si ce n'est pas toujours facile, faites-vous confiance, vous êtes des parents formidables
Parce que certains parents se trouvent nuls. Parce que certains parents se disent qu’ils ne sont pas fait pour ça et qu’ils n’y arriveront pas alors que d’autres semblent y arriver de manière totalement naturelle.
Parce qu’il y a trop de mères qui font des dépression du post partum (entre 15 et 30% d’entre elles selon un sondage réalisé en août 2021 -Opinion Way pour Qare), et il y a trop de pères qui sont à bout. Parce que oui, dans la vie comme en classe (lorsqu’on reçoit sa tôle en maths), l'apprentissage est difficile. Le parent se dévalorise, perd confiance en lui en se comparant aux autres (alors qu’il a peut être même copié sur son voisin plus doué) et il en arrive même parfois à un point où il regretterait presque d’avoir mis au monde des êtres qu’il se sent incapable de gérer.
La parentalité nécessite un apprentissage et que l’apprentissage, en classe comme dans la vie, ce sont des situations problèmes, des expériences, des hypothèses et des erreurs. Que parfois on y prend énormément de plaisir et que parfois c’est laborieux. Qu’il faut se faire confiance, parce qu’à force d’expérience, à force d’essais, on finit par y arriver.
Être parent, c’est un cheminement et si certains s’imaginent qu’il est linéaire, inné et plutôt naturel, je me plais à penser, moi, qu’il est parfois difficile et sinueux. Qu’il faut, à chaque étape, se faire confiance. Avancer, ses enfants à ses côtés, avec ce qu’on porte sur le dos, avec ce qu'on laisse derrière soi, mais aussi avec ce que l’on rencontre sur la route.
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