Le cancer bronchique, bientôt premier cancer chez la femme ?

34% des nouveaux cas de cancers bronchiques sont des femmes. Elles n'étaient que 16% il y a 20 ans.
34% des nouveaux cas de cancers bronchiques sont des femmes. Elles n'étaient que 16% il y a 20 ans. ©Getty
34% des nouveaux cas de cancers bronchiques sont des femmes. Elles n'étaient que 16% il y a 20 ans. ©Getty
34% des nouveaux cas de cancers bronchiques sont des femmes. Elles n'étaient que 16% il y a 20 ans. ©Getty
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A l'occasion de leur congrès annuel le week-end prochain, les pneumologues français vont le redire : le cancer du poumon progresse de façon exponentielle chez les femmes.

Le phénomène est tel que certains parlent carrément aujourd'hui d'une "pandémie mondiale" de cancers du poumon chez la femme. Lors du 26e Congrès de Pneumologie de Langue Française, qui se tient du 21 au 23 janvier prochain de façon hydride, en présentiel à Lille et en visio, avec une retransmission en direct, des pneumologues vont présenter l'étude épidémiologique dite KPB-2020.  Ce sera en fait le 3e épisode d'un suivi lancé en 2000. Le Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux publie en effet, 20 après l'étude KPB-2000 et 10 après KPB-2010, un état des lieux des profils des patients atteints d'un cancer du poumon, en France.

L'édition 2020 porte sur 9000 patients, ce qui représente près de 20% des nouveaux cas chaque année en France. Et là c'est très clair : aux Etats-Unis, le cancer du poumon est déjà devenu la première cause de mortalité par cancer chez la femme. En France, ça pourrait bien être le cas dans les toutes prochaines années.

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Un lien avec l'augmentation du tabagisme chez les femmes

En 2000, en effet, le cancer du poumon touchait les femmes dans 16% des cas. En 2020, c'est plus de 34%. C'est même 41% chez les moins de 50 ans, les femmes jeunes : on est presque à la parité. L'investigateur de l'étude, le docteur Didier Debieuvre, le déplore: "On avait déjà vu une progression de 16 à 24% entre 2000 et 2010. Mais là, ça continue, le constat se confirme et malheureusement au delà de ce qu'on avait prévu. Et cette augmentation est clairement à relier à l'augmentation du tabagisme chez les femmes. On est loin désormais de l'image du cancer du poumon réservé à l'ouvrier gros fumeur. Chez les hommes, d'ailleurs, on atteint une sorte de plateau du nombre de cas, c'est clairement chez les femmes que ça augmente, et c'est ce qu'on voit dans nos consultations".

Cette enquête épidémiologique KPB nous le confirme également: le tabac reste bien à l'origine de ces cancers dans plus de 85% des cas. Il reste bien la 1ere cause de cancer du poumon, mais la proportion de non fumeurs progresse. Non fumeurs, ce sont ceux qui n'ont jamais fumé, pas plus de 100 cigarettes dans leur vie: ils n'étaient que 7,2% des malades nouvellement diagnostiqués en 2000, 10,9% en 2010, ils sont désormais 12,6%.

Le cannabis, facteur aggravant chez les jeunes

Autre enseignement: la proportion de cancers diminue chez les jeunes et augmente chez les plus agés. Sans certitude, on peut imaginer que la prévention a réduit la consommation de tabac chez les jeunes. Peut être aussi qu'on depiste davantage les plus âgés. En revanche, on note qu'il y a 3,6% de fumeurs de cannabis parmi les patients. et chez les moins de 50 ans diagnostiqués, un tiers sont des consommateurs réguliers de cannabis.

Au fil des ans, le constat reste le même en revanche sur les diagnostics: ils sont trop tardifs. Dans plus de 60% des cas, les cancers sont découvert à un stade localement très avancé, voire au stade métastatique, qui est, on le sait, de moins bon pronostic. D'ou l'importance pour les pneumologues d'intensifier le dépistage.

La bonne nouvelle, c'est que les traitements s'améliorent: Thérapie ciblées, immunothérapies... on relève beaucoup de progrès dans le traitement des cancers bronchiques depuis quelques années, et les mutations génétiques à l'origine de ces cancers sont beaucoup plus systématiquement recherchées. Aujourd'hui, c'est même devenu la routine: en 2020, 88% des patients ont bénéficié d'une recherche de mutation qui a permis de trouver le traitement  le plus adapté. Ce qui laisse espérer (voire augurer) une amélioration de la survie dans les années à venir.

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