
André Manoukian, ce matin une jeune chanteuse californienne, multi-instrumentiste, Elise Trouw, un phénomène que vous avez découvert sur Internet !
A l’heure où l’on nous brandit l’intelligence artificielle, comme le futur de la musique, il est réjouissant d’écouter et surtout de regarder Elise Trouw. Ça s'écrit T.R.O.U.W Dans la dernière vidéo que la jeune californienne a posté, on la découvre à la batterie, elle joue 8 mesures d'un groove implacable, puis elle se lève, la batterie continue à jouer, la magie de la boucle, elle va vers la guitare basse, enfile la sangle négligemment, appuie un riff efficace et sobre qui s'ajoute à la batterie, pose la basse, va à la guitare sur laquelle elle exécute un arpège sophistiqué avant d’aller s’installer au clavier pour y chanter tout en s’accompagnant.
Elle a lancé tous les instruments, dans une chorégraphie impeccable, avec une nonchalence et une facilité déconcertante.
Voilà, elle fait l'orchestre à elle toute seule, du haut de ses 18 ans. Avant il y avait la Mao, la musique assistée par ordinateur, aujourd'hui il y a la Mat, la musique assistée par le talent.
A l'heure où les musiciens sont remplacés par des machines, voir Elise Trouw jouer à la mano tous ces intruments, c'est proprement jubilatoire....
Mais quand les machines imposent de nouvelles pratiques aux musiciens, elles deviennent inspirantes, et ça c'est bien.
En l'occurence, le looper, cette petite boite électronique qui empile les sources sonores au fur et à mesure que vous les jouez et qui vous permet de vous fabriquer un accompagnement en direct live, en faisant découvrir au public chaque élément de l'orchestration, un peu comme dans cette scène dans le Mozart de Milos Forman, ou l'on voit le compositeur dictant à Saliéri son requiem, pupitre par pupitre.
Jouer correctement d'un instrument, c'est déjà compliqué, mais quatre, ça frise l'exploit non ?
Oui Nicolas, Elise Trouw rejoint le club très fermé de Bach, Mozart, Paul mac Cartney et Prince..
Mais la virtuosité du poly-instrumentiste peut engendrer le syndrome du control freak : On veut tout maîtriser soi même et on ne fait plus confiance aux autres musiciens..
Bach, qui avait à son actif violon, viole de gambe, clavecin et orgue, était très exigeant, quand à ceux qui accompagnaient Prince, il leur fallait avoir une vessie bien accrochée parce que si l'un d'entre eux s’absentait deux minutes pour aller aux toilettes, quand il revenait, Prince était en train de refaire sa partie ...
Alors, comme souvent, la vérité est au milieu, il faut un peu de lâcher prise, accepter le hasard, l’accident pour rendre la composition humaine, c’est ça qui fait encore la différence avec la machine..
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