Ce matin, André Manoukian nous fait écouter l'un des meilleurs groupes de jazz manouche, tout en nous expliquant que le jazz manouche n'existe pas...
Non Nicolas, le jazz manouche n'existe pas , son inventeur, Django Reinhardt, dans les années 30, était un manouche qui jouait du jazz. Alors ce nom, cette idiotie ghetoïsante, est né bien après la mort de Django qui survint en 56, probablement à la fin des années 80, cette période où l'on retourne partout au communautarisme et où qualifier un être d'après son origine ethnique n'est plus un problème.
Mais si Django ne jouait pas du jazz manouche, qu'est ce qu'il jouait ?
Du jazz tout simplement. Pour faire court Nicolas, disons que le premier théoricien du jazz s'appelle Jean-Sébastien Bach, et qu'il dit tout dans l'art de la fugue.
Django qui jouait du Bach, s'en inspira, ainsi que du swing et d'un de ses maitres, Duke Ellington, à qui il va emprunter un accord très coloré, minor 6, pour faire technique, que Django va mettre un peu partout, à tel point qu'un jour il va se le faire chiper par Henri Salvador, qu'il relèguera au fond de la scène pour qu'il ne lui pique rien d'autre.
C'est ça qui est formidable, la naissance d'un style peut naitre de la qualité d'un accord...
En quoi ce groupe est-il important?
En fait Le_s Doigts de l’Homme_, innovent en sortant de cette grille d'accords si caractéristique par exemple, faite de mineur 6ème et d'accords diminués. Ils enrichissent aussi l'art de la pompe, qui consiste à battre chaque temps d'un coup de médiator, rien à voir avec le funeste médicament Mathieu Vidard, je veux parler du plectre avec lequel on frappe les cordes.
Et puis ils vont chercher l’inspiration en remontant plus loin encore dans le temps et sur la route qui amena les Gitans en Europe, je veux parler de cet Orient, et de ses modes, cet agencement de notes si particulier qui mêle le mineur au majeur et qui inventa la blue note bien avant Miles Davis.
C'est pourquoi c'est une régalade d'écouter un groupe comme les Doigts de l'Homme, avec leur nouvel album « Le cœur des vivants », parce qu'on entend la couleur, à partir de laquelle le groupe trace sa voix propre, originale et créatrice, et quel que soit son nom, une musique est vivante tant qu'elle incorpore des nouveaux éléments, alors vous en reprendrez bien un doigt avec moi, de ces doigts de l'homme...
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