Quelles énergies pour demain ? Débat durable et bientôt renouvelé ! Lundi prochain, à 10 heures, RTE, le gestionnaire du réseau électrique français, dévoilera ses 6 nouveaux scénarios pour 2050. Prélude à une nouvelle bataille atomique.
[Emmanuel Macron] nous promet, comme l'industrie nucléaire depuis 50 ans, un avenir radieux, alors qu'il va surtout être radioactif." (Yannick Jadot, à Lyon, le 8 octobre)
(Comme il y aura beaucoup d'initiales dans cette chronique, on commence par le décodeur ! RTE = Réseau de Transport d'Electricité. SMR : Small Modular Reactors. EPR : European Pressurized Reactor).
Le candidat écologiste réagit aux annonces du Président, le 12 octobre. Un milliard d’euros pour un prototype de SMR, réacteurs plus petit, plus faciles à produire en série, mais dix fois moins puissants qu’un EPR.
EPR, trois lettres dont Emmanuel Macron n’a pas encore parlé. Il attend le rapport lundi. On sait qu’EDF veut 6 réacteurs, en + de Flamanville. Et c’est un secret de polichinelle, dans l’entourage du Président, le virage pro-nucléaire est déjà pris !
Alors ce rapport, en pleine campagne, va donc réactiver une bataille d’interprétation ! Les anti-nucléaires, Yannick Jadot en tête, contestent déjà, avant même leur publication, les postulats sur lesquels se base RTE.
Quels seront dans 30 ans nos besoins en électricité ? Au moins 35 % de plus, dira le rapport, parce qu’il n’y aura plus de voiture thermique. A partir de là, le raisonnement, au gouvernement, c’est qu’il faudra produire plus d’électricité, mais décarbonée, pas trop chère et made in France. Donc nucléaire incontournable, couplé au renouvelable.
Et comment les écologistes vont-ils contre-attaquer ?
Par la « sobriété »… Pourquoi partir du principe que la demande d’énergie va exploser alors qu’on pourrait la maîtriser ? Par le télétravail, le co-voiturage, la rénovation massive des logements.
Problème ? Ce mot « sobriété », qui sonne mal et ne passe pas bien politiquement. Comment dire aux classes populaires, dont la gauche a peur de se couper, que non seulement leur énergie va coûter plus cher, mais qu’il faudra en consommer moins ? C’est l’éternel dilemme fin de mois versus fin du monde.
Mardi prochain, après le rapport, Barbara Pompili prendra la parole (sur France Inter à 8h20). Ministre, elle aussi, en transition : venue des Verts, mais convaincue qu’avant de pouvoir sortir, un jour, du nucléaire, il n’y a pas d’autre alternative que ce «en même temps » énergétique. La France, vitrine anti-CO2, c’est ce qui se joue à la Cop 26 de Glasgow, où Emmanuel Macron viendra le 1er novembre.
Les écolos, les insoumis et autres négaWatts seront-ils audibles ? Les dizaines de milliards d’euros que coûteront le démantèlement des vieilles centrales et l’enfouissement des déchets radioactifs (il y aura encore des manifestations à Bure ce week-end) donnent le vertige. Mais l’angoisse, immédiate, du prix à la pompe et du pouvoir d’achat, écrase et biaise le débat.
Pourtant tout se joue maintenant, et ce n’est pas une légende, en matière nucléaire, depuis Pompidou, c’est le Président en fonction qui choisit pour demain, et qui appuie sur le bouton.
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