Le piratage de Twitch a causé une transparence involontaire sur les salaires des streameurs les mieux payés de la plateforme mais vient nourrir les débats sur cet univers numérique.
C'est ce qu'on appelle une mauvaise semaine. Lundi, Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp, bloqués pendant près de six heures et avant-hier, mercredi, une attaque majeure chez Twitch, propriété d'Amazon, plus grosse plateforme de stream qui détient le quasi monopole de la diffusion de contenus vidéo en direct. Les pirates y ont récupéré 135 gigas d'informations avant de les diffuser, du code source de l'application, des mots de passe et quelques secrets de fabrication.
Histoire d'argent
Mais les pirates ont aussi mis la main sur les revenus des streameurs (les "créateurs de contenus" en bon français) une information normalement confidentielle. Sur Twitch, les émissions sont diffusées sur ce que l'on appelle des "chaînes" auxquelles on peut s'abonner en payant, à partir de 4 euros par mois. Ce qu'on a découvert c'est que les sommes totales reversées aux plus gros streameurs vont pour certains au-delà de plusieurs millions d'euros engrangés sur les deux dernières années, ce qui peut faire beaucoup à première vue.
Le premier français d'entre eux s'appelle Adrien Nougaret, alias ZeratoR, est 44e sur 100 avec 1,4 million d'euros depuis le printemps 2019. Il a très vite voulu clarifier les choses en s'expliquant sur les réseaux sociaux. "Oui, cette somme est importante mais elle est réinvestie, sert à faire de la création et du travail en France", explique-t-il à France Inter.
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"Les gens établissent un classement tout de suite, mais en fait il y a deux choses problématiques quand on lit ces données brutes sans informations. D'abord que c'est un chiffre d'affaire et pas un salaire brut qui va directement dans les comptes. Et puis ce n'est qu'une partie, il y a d'autres sources de revenus", comme des partenariats ou des sponsors.
Difficile de se faire sa place
ZeratoR est donc bien plus qu'un fan de jeux vidéo qui se filme tout seul dans sa chambre : comme d'autres streameurs, il est un chef d'entreprise, il fait travailler une douzaine de personnes autour de lui. Il tient d'ailleurs à préciser qu'il paie ses impôts en France, contrairement à d'autres de ses collègues. Il organise aussi un événement caritatif chaque année, événement dont il faut financer l'organisation.
Ce piratage nous rappelle ainsi que, derrière Twitch, se cache une véritable économie : des sociétés, des salariés, des prestataires et donc de l'investissement. Cela met aussi en lumière les inégalités d'une jungle dans laquelle il est difficile de se faire une place. Il y a donc les très gros, mais aussi les tout petits. 95 % du contenu produit n'attire pas plus de cinq spectateurs en direct, avait noté Le Monde en février 2021 et ne génère donc pas un centime.
Enfin, dernier point :
comme l'a noté Numerama, sur ce classement des 100 streameurs les mieux payés au monde, il n'y a que trois... streameuses. Le tout sur une plateforme déjà tourmentée ces derniers mois par la question du harcèlement des femmes présentes sur Twitch, encore plus quand elles parlent de jeux vidéos.
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