Existe-t-il encore des façons originales de raconter Mai 68 ?

Les images de Mai 68 et l'imaginaire lié aux événements semblent impossibles à réinventer. Pourtant, ce 1er mai 2019 sortent en salles deux documentaires originaux
Les images de Mai 68 et l'imaginaire lié aux événements semblent impossibles à réinventer. Pourtant, ce 1er mai 2019 sortent en salles deux documentaires originaux ©Getty - Keystone France / Gamma-Rapho
Les images de Mai 68 et l'imaginaire lié aux événements semblent impossibles à réinventer. Pourtant, ce 1er mai 2019 sortent en salles deux documentaires originaux ©Getty - Keystone France / Gamma-Rapho
Les images de Mai 68 et l'imaginaire lié aux événements semblent impossibles à réinventer. Pourtant, ce 1er mai 2019 sortent en salles deux documentaires originaux ©Getty - Keystone France / Gamma-Rapho
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Un an après les commémorations ayant eu lieu à l'occasion du cinquantenaire des événements de Mai 68, "On aura tout vu" se penche sur deux documentaires qui abordent, chacun à leur manière, le mouvement social sous un angle inédit : celui d'une quincaillerie, d'une part, et, d'autre part, celui du rôle des femmes.

Avec
  • Jorge Amat Documentariste
  • Geneviève Fraisse Philosophe de la pensée féministe, directrice de recherche émérite au CNRS
  • Jean Bigiaoui a collaboré à la réalisation de Comment Yukong déplaça les montagnes.
  • Samuel Bigiaoui Réalisateur

'68, mon père et les clous' de Samuel Bigiaoui

Ouverte à la fin des années 1980, en plein Quartier Latin, à Paris, la quincaillerie de Jean Bigiaoui était un haut lieu de sociabilité. C'était aussi l’ancien terrain de jeu de l'enfance de Samuel Bigiaoui. Aujourd'hui, ce commerce parisien, qui porte le nom de Bricomonge a fermé ses portes et est remplacé par une supérette. Mais avant cette fermeture, à l’heure de l’inventaire et des comptes, Samuel Bigiaoui a décidé d'accompagner son père dans les derniers moments du magasin, caméra à la main. Ainsi, en construisant ce documentaire, il cherche à comprendre ce qui a amené le militant maoïste qu’était son père dans les années 1960 et 1970, intellectuel diplômé, à vendre des clous.

Le documentaire 68, mon père et les clous est sorti en salles le 1er mai 2019.

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Christine Masson et Laurent Delmas reçoivent Samuel Bigiaoui, auteur du documentaire, et Jean Bigiaoui, quincaillier à la retraite, père du précédent et protagoniste du documentaire.

'Filles de mai' de Jorge Amat

Un an après les commémorations ayant eu lieu pour le cinquantenaire des événements des mois de mai et juin 1968, mais aussi, tout simplement, anniversaire après anniversaire, on prend conscience que l'on répète les mêmes anecdotes, que l'on rappelle les mêmes dates cultes, le 22 mars, le 3 mai, le 10 mai, que l'on revisite les mêmes lieux cultes (Nanterre, la Sorbonne, l’ Odéon, Boulogne Billancourt, etc.), que l'on entend les mêmes protagonistes stars, figures étudiantes, politiques, syndicales. C'est comme si Mai 68 était devenu une fiction, en place, figée, immuable, quelques mois d’un passé révolu qui ne sont plus qu’une parenthèse. Le plus frappant, c'est que depuis 51 ans, maintenant, l’histoire de Mai 68 est racontée par des hommes, presque exclusivement. Pouvoir politique, leaders étudiants, responsables syndicaux, commentateurs… comme si les femmes n’avaient pas leur place dans cette histoire, qu'elles n’y avaient été que des figurantes.

Pourtant, il est mensonger de le cacher : il y a eu beaucoup de femmes et de filles investies, audacieuses, intelligentes et courageuses en Mai 68… Le documentaire Filles de mai de Jorge Amat s'emploie à rappeler que les événements ne sont pas qu'une suite d'affrontements, de meetings et de propagande entre des hommes et des policiers. Le film montre comment cette période fut aussi le lieu de la naissance des prémices du féminisme qui donnera le MLF dès les années suivantes. C'est une partie de l'histoire qui est oubliée, sinon tue, notamment parce que, comme le disait Simone de Beauvoir

Le mouvement des femmes remettait en cause les militantismes… Il n’y avait pas de leader. Pour lui appartenir, il suffisait d’être une femme, consciente de l’oppression et désireuse de la combattre. Il en résultait un certain désordre, gênant parfois, mais, dans l’ensemble, enrichissant.

Le documentaire Filles de mai est sorti en salles le 1er mai 2019.

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Christine Masson et Laurent Delmas reçoivent Jorge Amat, auteur du documentaire, et Geneviève Fraisse, philosophe, historienne de la pensée féministe et l'une des protagonistes du documentaire.

les sorties de la semaine

  • Alice T. de Radu Muntean (Roumanie, France, Suède)
  • Cœurs ennemis de James Kent (Royaume-Uni, Allemagne)
  • Coming Out de Denis Parrot (France)
  • Dieu existe, son nom est Petrunya de Teona Strugar Mitevska (Macédoine, Belgique, Slovaquie, France, Croatie)
  • 90's de Jonah Hill (USA)
  • Nous finirons ensemble de Guillaume Canet (France)
  • la réédition de Novecento (1900) de Bernardo Bertolucci (France, Allemagne, Italie), sorti pour la première fois en 1976

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