

Cent-trente films, une voix, une gouaille, un sens comique incroyable, une noirceur folle, et quelque chose d’impénétrable aussi, comme tous les hommes qui ont vu les horreurs de la guerre, mais n’en parlent jamais.
Bernard Blier était immense. Bernard Blier, initiales BB, fait partie de ces comédiens pour lesquels on laisse la télé allumée un dimanche soir ou un mardi, d’ailleurs, jusqu’à la fin du film parce qu’il est impossible de ne pas le savourer jusqu’au bout, même si on le connaît par cœur.
Il avait la collection complète des œuvres de la Pléiade. On a bien dit COMPLÈTE, hein, pas façon puzzle, ni juste pour épater les caves, COMPLÈTE. Bernard Blier a tout joué, le Tonton flingueur, comme le flic mal embouché, l’amoureux un peu rond et transi comme le notable de province, mais il avait aussi TOUT LU. En dehors de son métier, il avait deux autres religions : les livres et les pipes et il ne fallait pas le lancer car il pouvait passer des heures à vous expliquer comment ça se fume façon cérémonie.
C’était un humaniste qui jactait l’Audiard comme personne, et dont la vie fut bien plus aventureuse que ne le laissait supposer son physique de père tranquille.
La famille Blier déménage en France à la fin de la Première Guerre mondiale, après avoir habité à Buenos Aires, lieu de naissance de Bernard. Petit, il a un intérêt très prononcé pour la lecture et plus particulièrement pour Dumas et Flaubert. Il préfère aller au cinéma sur les grands boulevards parisiens plutôt que de s'appliquer à l'école où il est un vrai cancre. Grâce à son amour des textes classiques, à douze ans déjà, il le sait, il l’a décidé, il sera comédien.
Au début des années 1930, le voilà donc inscrit à ses premiers cours de théâtre. En 1937, il est admis au Conservatoire de théâtre où il rencontre François Périer et Gérard Oury. Un an plus tard, le voilà à l'affiche aux côtés de Louis Jouvet dans Entrée des Artistes de Marc Allégret. Il donne la réplique à Louis Jouvet dans Hôtel du Nord de Marcel Carné quelques temps plus tard. Carné retentera l'aventure Blier dans Le Jour se lève, avec Jean Gabin. Il retrouvera l'acteur dans d'autres films tels que Les Misérables ou encore L es Grandes Familles
La Seconde Guerre mondiale éclate et Bernard Blier est envoyé sur la ligne Maginot puis incarcéré dans un camp à Reims. Il parlera peu des détails de cette époque tant les conditions de détention étaient atroces et humiliantes.
Le retour à la vie civile d'acteur de cinéma n'est pas simple pour Bernard Blier et, de 1941 à 1942, il jouera de petits rôles avec le réalisateur Christian-Jaque.
1947 marque l'année du chef-d'œuvre de Bernard Blier, son rôle dans Quai des Orfèvres de Henri-Georges Clouzot, à nouveau aux côtés de Louis Jouvet.
En 1959, Blier s'aventure en Italie pour jouer dans La Grande Guerre de Mario Monicelli, qui deviendra l'un de ses réalisateurs fétiches. Cette même année, il commence sa collaboration avec Georges Lautner dans Marche ou crève et Arrêtez les tambours.
Dans les années 1960, la comédie ultra-parodique naît avec Le Monocle Noir, sans lequel il n'y aurai pas eu de Tontons Flingueurs ni de Barbouzes. En 1963, Blier décroche un rôle dans cette petite merveille inoxydable qu'est Cent Mille Dollars au Soleil du réalisateur Henri Verneuil. Sur le tournage, il retrouve son copain de toujours, Lino ventura, et rencontre un Jean-Paul Belmondo tout juste arrivé de la Nouvelle Vague.
Les années 1960 forment un vide dans la carrière de l'acteur qui tourne beaucoup en Italie. Il parvient quand même à jouer avec Louis de Funès dans Le Grand Restaurant de Jacques Besnard en 1966.
Filmographie sélective
- Les Tontons Flingueurs, Georges Lautner, 1963
- Le Jour se lève, Marcel Carné, 1939
- Quai des Orfèvres, Henri-Georges Clouzot, 1947
- L'École Buissonnière, Jean-Paul Le Chanois
- Les Grandes Familles, Denys de La Patellière, 1958
- Marie-octobre, Julien Duvivier, 1958
- Le Monocle Noir, Georges Lautner, 1961
- les Barbouzes, Georges Lautner, 1964
- Le Septième Juré, Georges Lautner, 1961
- Cent Mille Dollars au Soleil, Henri Verneuil, 1964
- Laisse aller, c'est une valse, Georges Lautner, 1970
Les musiques de l'émission
- Initials B.B., Serge Gainsbourg, 1968
- Wide Awake ! Parquet Courts, 2018
- La Thune, Angèle, 2018
Programmation musicale
- 14h24
- 14h43
La thune
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