Danielle Darrieux

Danielle Darrieux
Danielle Darrieux ©AFP - Collection Christophe L
Danielle Darrieux ©AFP - Collection Christophe L
Danielle Darrieux ©AFP - Collection Christophe L
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Coquette, tragique, primesautière, passionnée, légère, ou amoureuse jusqu’à la folie, et cela, éventuellement, dans un même rôle : on dit souvent que certaines grandes actrices peuvent tout jouer et ce n’est pas toujours vrai ; mais c’était absolument le cas pour Danielle Darrieux.

Danielle Darrieux commence sa carrière dans le cinéma à l’adolescence, alors qu’elle est à l’origine plutôt tournée vers le monde musical et plus particulièrement vers le violoncelle et le chant. Elle n’a que 14 ans lorsqu’elle décroche le premier rôle du film Le Bal de Wilhelm Thiele en 1931. C’est le point de départ d’un enchaînement de tournages pour la jeune fille qui promet d’être une actrice légendaire. Mais elle n’oublie pas ses racines musicales et chante régulièrement dans les films dans lesquels elle tourne. 

C’est surtout aux côtés du réalisateur Henri Decoin qu’elle parviendra à devenir une figure cinématographique de renom. Le réalisateur fait de la jeune actrice son égérie et ne peut se passer de sa délicatesse, de sa grâce et de son talent. À la fin des années 1930, il choisira Danielle Darrieux dans certains de ces plus grands films, tels que Retour à l’Aube, Abus de Confiance, Battement de Cœur, Premier Rendez-Vous ou encore La Vérité sur Bébé Donge. Le réalisateur, alors envoûté par l’actrice, l’épousera en 1935, suite au tournage de L’Or dans la Rue

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L’année 1935 est également celle où commence la vie hollywoodienne de l’actrice. En effet, à l’occasion du film Mayerling, Danielle Darrieux rencontre une autre star internationale, Charles Boyer. Le film remporte un succès interplanétaire et propulse Danielle Darrieux sur la scène internationale. Elle décroche un contrat de sept ans avec Universal Studio. En 1938, la voilà dans La Coqueluche de Paris. 

La guerre éclate, Henri Decoin et Danielle Darrieux se voient obligés d’arrêter le tournage de Coup de Foudre. Ils se séparent finalement en 1941, mais garderont toujours une relation privilégiée. Un an plus tard, elle épouse le diplomate dominicain Porfirio Rubirosa. Les cinq années de conflit sont difficiles pour Danielle, contrainte sous la menace de jouer dans des films produits par La Continentale, société de production française largement financée par des capitaux allemands. À ce titre, elle apparaît dans des films à succès tels que Caprices ou encore La Fausse Maîtresse. 

Danielle Darrieux décide de faire profil bas jusqu’à la fin de la guerre. En 1948, elle revient dans Ruy Blas de Pierre Billon. Ce rôle lui convient puisqu’elle est en compagnie d’un acteur très apprécié, Jean Marais, et son personnage casse cette image d’adolescente exubérante.  

Dans les années 1950, Danielle Darrieux commence une collaboration avec un autre grand réalisateur de l’époque, qui lui aussi fera d’elle son égérie, Max Ophuls. Ainsi, on peut voir les performances artistiques de l’actrice dans La Ronde, Le Plaisir et dans Madame de… C’est également aux côtés de Claude Autant-Lara qu’elle parviendra à relancer sa carrière d’après-guerre. Finalement, son ami Henri Decoin revient la chercher, cette fois pour jouer aux côtés de Jean Gabin dans la Vérité sur Bébé Donge, qui casse définitivement l’image angélique de l’actrice, à son grand contentement. Elle donnera la réplique aux autres grandes figures de l’époque, Bourvil, Fernandel ou encore Jeanne Moreau. À la fin des années 1950, Danielle Darrieux signe avec Julien Duvivier pour Marie-octobre, un succès largement dû aussi au reste du casting puisqu’on voit derrière la caméra, des géants du cinéma tels que Bernard Blier, Serge Reggiani, Lino Ventura ou Paul Meurisse.  

Les années 1960, les années de la Nouvelle Vague. Évidemment, Danielle a droit à son tournage avec Claude Chabrol, dans Landru, et Jacques Demy dans Les Demoiselles de Rochefort. Dans les années 1970, elle continue le théâtre et le chant, s’essayant même à la comédie musicale, ce dont elle est très fière, surtout lorsque l’affiche du spectacle recouvre les façades de Broadway. Elle retrouve Jacques Demy dans les années 1980 pour un long métrage entièrement chanté, un drame salué par la critique mais lourdement rejeté par le public. 

Avant de jouer en 2001, carrément, une vieille criminelle qui en rigole dans Huit femmes, de François Ozon, elle impose sa fantaisie dans Ça ira mieux demain de Jeanne Labrune. Après deux très jolis rôles, dans Une Vie à t'attendre de Thierry Klifa en 2004 puis Nouvelle Chance d'Anne Fontaine en 2006, elle joue les vieilles dames chics mais qui se font assassiner dans leur lit dans L'Heure Zéro de Pascal Thomas en 2007. Dans son tout dernier film, Pièce Montée de Denys Granier-Deferre, en 2010, elle murmure son amour à Jean-Pierre Marielle, l'homme qu'elle n'a jamais oublié, sur un banc, la nuit.

Danielle Darrieux est donc morte à 100 ans puisqu’elle l’avait décidé, en riant. Comment contrarier tant de charme ? Même la faucheuse a obtempéré… Elle ne voulait pas mourir sur scène, elle trouvait cela impudique, dégoûtant. La faucheuse, à nouveau, s’est inclinée devant sa volonté : DD s’est juste endormie. On parierait qu’elle avait un petit sourire insolent au coin de ses si belles lèvres.

À écouter tous ses extraits de films et ses propos, on se demande, soudain, si Danielle Darrieux n’était pas la plus libre de toutes. Bien avant les beautés de la Nouvelle Vague, elle qui les avait toutes traversées. Sa maxime était un comble d’élégance : 

Dans la vie, ce qui est inéluctable n’a aucune importance.

Et sa voix n’a pas fini de résonner. 

Filmographie sélective : 

la musique

  • Hollydays, On a déjà, 2018
  • Rex orange County / Benny Sings, Loving is easy, 2017 
  • Bon entendeur, Isabelle Pierre, Le Temps est bon, 2018