

Le comédien a choisi l'image d'un retour d'une journée passée à 25 km de Marakech à enregistrer un musicien de musique traditionnelle marocaine. Elle le fait voyager en le replongeant dans ce beau souvenir.
Reda Kateb : "Cette photo me fait voyager : elle est floue et parce qu'elle est l'image de la fin d'une journée magique. J'étais parti dans un endroit qui s'appelle Douar Chems, un village à 25 kilomètres de Marrakech, avec un ami.
Nous étions allés enregistrer un ami musicien gnawa que je connais depuis une quinzaine d'années. Il joue de la musique dans la rue à Marrakech. Il m'a toujours fait penser à ces musiciens, comme peuvent l'être Skip James ou Robert Johnson dans le blues. Des mendiants richissimes de leur musique qu'ils font partager aux personnes qui les écoutent.
Ce jour-là nous étions allés le voir dans son village
On a commencé par parler pendant longtemps, par boire, par manger. Je me demande si après, on n'a même pas fait une petite sieste.
Puis on a marché dans la montagne au-dessus de chez lui, et on l'a enregistré en pleine nature. Il en est né un disque que personne n'a entendu, sauf les personnes qui, en se baladant à Marrakech, passent devant Omar.
Il s'appelle Omar Rapha. On lui a gravé ce CD pour qu'il puisse gagner un petit peu de sous et vivre avec sa musique.
Sur cette photo on est sur le chemin en rentrant de la montagne. C'est la tombée du jour. On distingue vraiment de loin et très faiblement les silhouettes d’Omar à gauche et de Pierre, mon ami, à droite. Moi, je suis derrière, je prends la photo.
A droite, il y a trois lignes de lumière, comme les lignes d'un moment magique qu'on a passé ensemble.
C'est la tombée du jour. Ce sont des notes bleutées. Un moment entre deux eaux. Et puis, ces trois lignes de lumière qui sont électriques et qui sont tout d'un coup très fortes dans cette image qui me fait vraiment rêver, qui me ramène à mon voyage en général et à ce voyage-ci en particulier."
Voir l'image choisie par Reda Kateb :

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