Dans les pas de l'ONJ
Sarah Masson , envoyée spéciale au Maroc, a suivi trois musiciens de l'Orchestre national de jazz (ONJ) , Pierre Perchaud, Antonin Tri-Hoang et Vincent Lafont, en résidence au ksar d'Assa . Une semaine d'immersion au sein de la culture sud-marocaine pour trouver l'inspiration en vue d'une composition qui explore conjointement les deux cultures.
A la clé, une oeuvre de 20 minutes pour l'ensemble de l'orchestre. Trois autres "Caravanes" de l'ONJ installées à Tanger, Fes et Figig complètent le dispositif. Les concerts de restitution de ces caravanes auront lieu à Marrakech, Agadir, Fes, Rabat, et Tanger du 12 au 20 juin prochain (toutes les infos sur le site de l'Institut Français du Maroc).
A Assa, les musiciens accueillis dans un lieu empreint d'histoire
A 6 heures de route au sud d’Agadir , Assa , « cité sainte de terre et de pierre », fondée au XIIe siècle sur un piton rocheux avec à ses pieds une oasis de plusieurs hectares, a vu son ancien Ksar réhabilité par un programme de l'Agence de développement du Sud .
Salima Naji, architecte et anthropologue dirige les travaux de restauration. Pour elle, l’approche des murs est indissociable de la vie quotidienne dans le ksar. D'où un intérêt accru pour la restauration des habitations privées. Une aubaine pour les familles qui peuvent développer leur propre projet (maisons d'hôtes, café...)
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Aujourd’hui, le ksar partiellement restauré, redonne un souffle au théâtre de plein air et au café, centres névralgiques de la vieille ville sur les hauteurs.
Dans les années 80, les attentions se portent sur la ville nouvelle, construite sur l’autre rive. Le Ksar est délaissé en dépit d'une forte tradition historique. Au Moyen-Age, Assa était un important lieu de commerce transsaharien, un « port saharien », où s’approvisionnaient les caravanes.
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Lieu saint, le ksar n’a jamais été complètement abandonné par ses habitants. La vieille ville s’étend sur plus de 7 hectares autour d’une zawiya (une mosquée et une medersa intégrée au tombeau d’un saint). Malgré la fuite vers la ville nouvelle et l’attirance pour la « modernité », les populations reviennent souvent dans le ksar, en particulier le vendredi, pour une ziyara (visite au tombeau de leur aïeul) ou des maaroufs (agapes). Les habitants restent attachés à l'endroit…
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Dès le début des travaux, il s’agit d’impliquer les habitants de la ville d’Assa afin d’assurer la pérennité du site : employer de la main d’œuvre locale pour le chantier, enseigner les techniques traditionnelles de construction... Mais pas seulement. Il s’agit aussi de réactiver la mémoire locale.
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Le chantier devient lieu de transmission d’une culture matérielle et immatérielle. Les doyens reprennent leur statut de relais, alors qu’ils étaient marginalisés dans la ville moderne. La société civile se sent impliquée et se mobilisent. Les associations s’investissent, des festivals naissent… et les danses Ahwach reprennent vie dans la cour du théâtre de plein air.
Comme pour cet heureux mélange avec l’Orchestre national de jazz
Depuis 6 mois, des maisons d’hôtes tenues par des familles investies dans le projet, ont ouvert pour accueillir les touristes. Le projet de réhabilitation du Ksar d'Assa initié par Salima Naji a récemment été sélectionné dans la "short list" du très prestigieux Aga Khan Award for Architecture.
Entre ici et ailleurs, Tahar Ben Jelloun
L'auteur de l'Académie Goncourt est toujours resté attaché à sa terre natale marocaine.
Auteur il y a cinq ans d'un article sur la désertification culturelle, il milite toujours pour l'implantation de centres cul turels au Maroc.
Ce voeu, il en fait part régulièrement aux différents ministres qui héritent du portefeuille de la culture.
Tahar Ben Jelloun intevient aussi dans les lycées marocains avec l'intention de sensibiliser les jeunes à la lecture et la culture, seuls remparts efficaces contre un islamisme obscurantiste.
Dans les campagnes reculées d'Algérie, la colère des chomeurs
Loin des préoccupations autour de l'état de santé du Président Bouteflika , dans les villes du sud algérien, à Laghouat et Ouargla, aux portes du désert, les manifestations de chômeurs se multiplient depuis le début de l’année.
En Algérie, officiellement près de 20% des – de 24 ans sont au chômage. Mais dans le sud du pays, les associations affirment que la situation est bien plus grave. Un phénomène incompréhensible pour la population dans une région riche en pétrole et en gaz naturel.
En podcast, le reportage de Leïla Beratto et ici son dossier multimedia.
Dans la gueule du loup du Sahelistan
En Libye, le président du Congrès général national libyen, Mohamed al-Megaryef, élu l'été dernier, a démissionné . En cause une loi sur l'exclusion politique de toute personne ayant collaboré de près ou de loin avec Kadhafi.
Pourtant, difficile de classer Mohamed Al Megaryef, 72 ans, parmi les suppôts du « Guide de la révolution ». Certes, il avait collaboré pendant les premières années de pouvoir après le coup d’État de 1969, mais avec si peu de zèle que Kadhafi l’expédia comme ambassadeur en Inde en 1978.
Deux ans plus tard, Mohamed Al Megaryef se rangea résolument dans les rangs de l’opposition et participa à la création du Front de salut national libyen qui organisa plusieurs tentatives de coups d’État contre l’ex-dictateur. Un choix qu’il paya cher : 31 années d’exil, l’emprisonnement et la torture pour sa famille restés en Libye. Ce n’est que le jour de la mort du colonel Kadhafi , le 20 octobre 2011, qu’il foule à nouveau le sol de son pays.
La loi sur l’exclusion politique a été adoptée début mai 2013 après plusieurs mois de débats virulents et de nombreux incidents sécuritaires. Fortement soutenue par plusieurs milices d’ex-rebelles, œuvrant dans la mouvance des Frères musulmans , qui ont perdu les élections l’été dernier, elle visait la légitimité du président Megaryef. Cette loi pénalise aujourd'hui aussi Achour Chwayel, le ministre de l'intérieur qui démissione pour raisons personnelles. Il s'opposait depuis plusieurs mois aux milices révolutionnaires qui refusent de déposer les armes. Il a été remplacé la semaine dernière par Mohamed Khalifa Al Cheikh réputé pour être plus conciliant avec elle.
Invité de Partout Ailleurs, Samuel Laurent, auteur de Sahelistan au Seuil .
Samuel Laurent travaille depuis des années pour les firmes asiatiques désireuses de s'implanter dans des zones dites dangereuses.
Samuel Laurent se présente comme un éclaireur qui doit mesurer les risques ou les opportunités réelles d'une activité économique.
Au fil des ans, il a noué des contacts avec des individus peu recommandables.
Du coup, ce réseau lui a ouvert les voies d'un Sahel devenu zone de non droit.
Une des conséquences de la guerre en Libye, le pays est aujourd'hui aux mains des milices et des brigades devenues incontrolables. Les hommes choisis par les occidentaux pour faciliter la transition démocratique ont été dépassés
La passe de Salvador qui englobe le sud libyen, le nord Niger et le sud Algérien, est le berceau des mafias, du terrorisme islamiste, des groupes touaregs armés, le passage obligé de tous les trafiquants de drogue, d'armes, de contrefaçon et de faux médicaments
Beaucoup de questions restent en suspens après que les autorités libyennes ont nommé à la surveillance des frontières sud du pays Abdul Wahab Hussain Qaid, le frère d'Abou Yahya al-Libi , l'ex-numéro deux d 'al-Qaida tué en juin au Pakistan par les Américains.
Biens de consommation, matériel de construction, électroménager, alcool, haschisch, drogue dure, armes prises dans les dépôts de Kadhafi tout transite par cette frontière libyenne entre l'Afrique noire et le Maghreb.
Ce contexte tendu autorise tous les débordements. Une ethnie se fait massacrer en toute impunité. Les Toubou, population noire d'Africains résidant depuis toujours entre nord Niger, nord Tchad et sud Libye. Depuis la fin de la guerre, les milices révolutionnaires les tuent sans raison**.** Pur acte raciste à l'égard de travailleurs immigrés qu'on accuse d'être les ex mercenaires de Kadhafi. Accusation infondée qui sert ici de prétexte à des tueries arbitraires.
L'évêque de Stockholm, lesbienne et mariée
En marge des débats houleux qui ont accompagné le vote de la loi sur le mariage pour tous et après la palme d'or du festival de Cannes décernée à la vie d'Adèle...
Isabelle de Gaulmyn du journal La Croix dresse le portait d'Eva Brunne , évêque de Stockholm, lesbienne, mariée et mère.
Eva Brunne appartient à l'Eglise Luthérienne de Suède.
Partout Ailleurs sur Franceinter.fr : Anne Douhaire, Sarah Masson, Leila Baratto, Eric Valmir
Partout Ailleurs le générique : Valentin Couineau et Hervé Dejardin
Partout Ailleurs sur Twitter : @ericvalmir
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