Chaque semaine, des nouvelles des femmes dans le monde et de la planète LGBT avec Giulia Fois. Où il est question de programmes scolaires discriminants en Iran, d'un amour nigérian... et des petits plaisirs du Pape François !
Pourquoi, alors que des dizaines de milliers d’enfants iraniens s’apprêtent à retrouver le chemin de l’école, pourquoi, donc, les filles ont disparu des manuels de mathématiques ?
A/Parce qu’elles ne savent pas compter, ces cruches
B/Parce qu’elles ne savent par lire, ces gourdes
C/ Parce que la raison invoquée par le gouvernement est encore plus absurde que ça.
Je vous resitue un peu le contexte, vous allez comprendre. En fait, il s’agit du livre officiel de math destiné à la 3ème année de primaire. Jusque là, sur la couverture, autour d’un arbre étaient représentés un garçon et une fille. Et là, à quelques semaines de la rentrée, la graphiste, auteur du dessin de couverture, se rend compte que la fillette a disparu.
Elle poste la photo de cette nouvelle édition sur les réseaux sociaux provoquant la colère de bon nombre de parents d’élèves. On est quand même dans un pays où 60% des étudiants sont des étudiantes. Et où l’on trouve la seule lauréate du Prix Fields, équivalent du Nobel de Mathématiques, Maryam Mirzakhani.
Autant dire qu’on est un peu chatouilleux sur le sujet des maths, de l’école et des filles. A tel point que le gouvernement a fini par devoir se justifier… La semaine dernière, le ministère de l’éducation nationale expliquait que « cette modification était intervenue après une décision rendue par des experts en esthétique – si si - et en psychologie : pour eux, la couverture était tout simplement trop chargée ». Ben donc on dégage la fille et on garde le garçon. Logique.
Le mot de la semaine : ifé
Ifé pour dire amour, en Yoruba, l’une des langues officielles du Nigéria. Ifé, c’est aussi le nom d’un film qui fera date… C’est la première histoire d’amour lesbienne sur grand écran, dans un pays où l’homosexualité reste un crime puni de 14 ans de prison, une peine que 75% de la population voudrait voir encore alourdie, selon une enquête toute récente… Mais ce film existe, et il parle de rencontre, de désir, de plaisir, entre Adaora, et une certaine Ifé, donc.
Les deux héroïnes s’aiment, envers et contre tout. Tout comme le film existera envers et contre le comité de censure… En Juillet dernier, celui-ci envoyait un message très net à la production : j’attends avec impatience votre demande de visa d’exploitation pour pouvoir vous censurer. Sauf que ça n’arrivera pas : la production a décidé, du coup, de se passer des canaux officiels. Le film sera disponible gratuitement, en streaming, visible, donc, par un maximum de monde. Quand on vous dit qu’Ifé des miracles. (Un calembour à l’antenne, pardon, j’ai honte)
Mouvement de colère de la semaine...
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Islamabad et de plusieurs grandes villes du pays vendredi… Elles demandent la démission du chef de la police de Lahore ainsi que des excuses officielles… Il s’appelle Umar Sheikh et il est allé de son petit commentaire sur une affaire de viol…
C’est une femme qui conduit ses enfants en voiture, le soir, la voiture tombe en panne, tombe surtout sur un groupe d’homme qui la viole – oui oui, devant ses enfants. Commentaire, donc, du chef de la police, à la presse : « aucune femme ne devrait conduire ou sortir seule, si tard ». D’où ces manifestations, d’où, par ailleurs, cette déclaration de la ministre des droits de l’homme : « Rien ne peut jamais justifier un viol. » Rien. Point.
Le coming out de la semaine...
Qui nous vient du pape François et que l’on trouve dans un livre d’entretien avec Carlo Petrini, écrivain et gastronome italien. Déplorant la « moralité bigote de l’Eglise », cette austérité, ce refus absolu des nourritures terrestres – et des joies qui vont avec, il déclare : « au contraire, les plaisirs culinaires et sexuels viennent de Dieu, ils ont quelque chose de divin ». Dis donc chaton, comment tu sais ça, toi ?
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