Débordement d'un député républicain et nouvelles mesures en Alabama : le droit à l'IVG recule aux Etats-unis.
On commence par une marée verte sur tapis rouge
C’était à Cannes, dimanche entre deux robes coutures et trois smokings, on a vu les marches grimpées par un foulard vert, et puis deux foulards verts, et puis trois, et puis dix. Le vert, c’est la couleur des militantes argentines pour l’avortement. Vous vous souvenez qu’après des années de combat, l’IVG avait failli y être autorisé, en 2018, avant d’être retoqué dans la toute dernière ligne droite par le Sénat. Le texte est aujourd’hui enterré, mais la lutte continue. Et c’est ce que raconte Que Sea Ley, le documentaire de l’argentin Juan Solanas, projeté, dans le cadre du Festival. D’où cette montée des marches un peu particulière, comme si le réel s’engouffrait tout à coup au Palais, et avec lui, une jolie grappe de militantes féministes.
"Maintenant qu'on est ensemble, maintenant qu'on nous voit, à bas le patriarcat, il va tomber ! Vive le féminisme qui va vaincre !". Voilà ce qu’elles scandaient dans la salle de projection… Salle dont chaque fauteuil en velours rouge avait été recouvert du fameux foulard vert – sur les photos, ça pète.
Un député républicain se fait remarquer
En découvrant le discours de Barry Hovis, député républicain du Missouri. Il est pour l’interdiction de l’IVG après huit semaines de grossesse, même en cas de viol ou d’inceste et il nous dit pourquoi.
Il était une fois une princesse, qui avait fait une grosse grosse bêtise. Elle était sortie en soirée étudiante, et elle n’avait pas bu que du banga –pourtant, sa marraine la fée lui avait dit de bien faire attention à la boisson et aux mauvais garçons. Mais elle a pas écouté la tête de linotte, et elle a bu, et bu, et bu. Et elle a dansé. Et le garçon, évidemment, ça lui a plu. Alors il a voulu lui faire des calinous dans la culotte. Et elle, elle voulait bien, parce que sinon, bon, ben elle aurait dit non. Et du coup, le garçon, ben il aurait pas insisté. Et du coup, ben il l’aurait pas violée. Pardon, ils auraient pas fait l’amour. Et elle serait pas tombée enceinte - la salope. Pardon. La princesse. Elle va devenir maman, c’est trop chouette, les enfants, les enfants d’un prince charmant. Et moi, je veux bien le 06 de ton dealer, Barry. Ta drogue de l’amour, elle marche très très bien, visiblement. Et par les temps qui courent, j’en ai besoin. Les parties de domino, ça me botte moyen, voyez…
Aux Etats-unis, un état après l’autre, on donne des sacrés tours de vis à la liberté d’avorter
En Alabama, l’IVG est de nouveau un crime : les médecins la pratiquant risquent désormais 10 à 99 ans de prison et ce même en cas de viol ou d’inceste. C’est le texte le plus répressif de tout le pays sur la question. Mais la tendance est générale. Depuis le début de l’année, 28 états ont adopté 300 nouvelles règles pour limiter l’accès à l’avortement. Et le Texas s’apprête à le faire : depuis cette semaine, les députés débattent d’une nouvelle loi : les femmes qui ont avorté seraient passibles de la peine de mort. Oui, peine de mort. Alors personnellement, quand je vois tous ces élus encravatés, des hommes, en majorité, discuter de ce que les femmes ont le droit ou pas, de faire avec leur corps… J’en appelle à Orelsan. Je sais, on ne peut pas dire que le rappeur ait toujours été le meilleur ami des féministes. N’empêche, que dans cet extrait de la série « Bloqués », avec Gringe, son acolyte, il a le mérite de bien résumer le débat.
« T’es pour ou contre l’avortement », à « comment gérer le bordel » Certes, c’est graphique. Mais je pouvais pas le dire mieux.
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