"Mon fils va naître dans un monde où les femmes ne se tairont plus jamais"

"Mon fils va naître dans un monde où les femmes ne se tairont plus" - Giulia Foïs
"Mon fils va naître dans un monde où les femmes ne se tairont plus" - Giulia Foïs ©Getty - Thanasis Zovoilis
"Mon fils va naître dans un monde où les femmes ne se tairont plus" - Giulia Foïs ©Getty - Thanasis Zovoilis
"Mon fils va naître dans un monde où les femmes ne se tairont plus" - Giulia Foïs ©Getty - Thanasis Zovoilis
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Giulia Foïs va bientôt mettre au monde un petit être qui naitra dans un monde merveilleux dans lequel "les femmes ne se tairont plus jamais". Elle explique en même temps combien, d'après elle, "cette crise raconte les limites de notre système".

Il va naître dans un monde d'abord extrêmement silencieux, un monde qui est à l'arrêt ou presque, un monde que je n'ai pas connu, un monde que personne n'a connu et donc personne, moi, la première ne peut lui remettre les clés. Et c'est pourtant ça, le rôle de parent. 

Il va naître dans le flou, dans l'incertain, ce qui, à première vue, peut paraître assez angoissant parce que le cerveau comme la nature ayant horreur du vide, on a tendance, dans ce contexte-là, à le remplir avec des idées noires sauf que dans ce 'je ne sais pas' il y a de l'espace pour la pensée, la réflexion ! Elle peut reprendre la place qu'elle mérite, nous qui sommes plus facilement dans l'action, dans l'impulsion, dans l'émotion brute. 

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Ce 'je ne sais pas' peut être, sinon réjouissant, du moins stimulant. C'est peut-être le coup d'arrêt ou le coup de pied au cul dont on avait besoin pour remettre en question ce qui était devenu réflexes, habitudes, injonctions - dont on ne comprenait plus bien le sens. 

Et parfois (je dis bien 'parfois'), les optimistes peuvent avoir raison. 

Tout est une question de point de vue. Si vous prenez par exemple le terrain dont je m'occupe sur cette antenne, celui des femmes : on l'a dit, on le sait, depuis le début du coronavirus, la charge mentale redouble, les violences conjugales connaissent une augmentation très inquiétante, le droit à l'avortement est fragilisé, les femmes de nouveau sont invisibilisées ( on le voit régulièrement dans les unes de journaux et sur les plateaux d'experts à la radio et à la télévision). 

Mais en fait non ! On essaie de nous invisibiliser, mais ça ne marche pas, ça ne marche plus parce qu'à chaque fois, ça suscite le même tollé dans les médias, les discussions, sur les réseaux sociaux. Ces questions-là sont toujours aussi vives ! On ne tolère plus ni la charge mentale qui pèse sur les femmes, encore moins, évidemment, les violences faites aux femmes

Cette crise raconte que notre système a montré ses limites et qu'on ne le supporte plus !

D'autant plus que ce que cette crise dit aussi, c'est combien les femmes sont en première ligne, combien elles sont fortes, fondamentales et essentielles, combien on a besoin d'elles, combien elles sont majoritaires dans les professions de soin.

Évidemment, elles sont aussi à la tête de pays comme l'Allemagne ou la Nouvelle-Zélande et où elles font face à la même crise que nous et elles le font d'ailleurs bien mieux que chez nous

Comme le disait sur notre antenne cette semaine Christiane Taubira : 

On se rend compte que ce qui fait tenir la société c'est d'abord une bande de femmes 

Et c'est ça qu'on retiendra aussi de cet épisode, aussi long soit-il.

Alors oui, à quelques semaines de l'arrivée de mon deuxième petit garçon, j'en suis convaincue : 

Mon fils va naître dans un monde où les femmes ne se tairont plus jamais