Alors que les inégalités hommes/femmes, la domination masculine, les violences faites aux femmes et les stéréotypes de genre se construisent dès l'enfance, il n'est pas rare de retrouver ces mauvaises habitudes à Noël jusqu'aux pieds du sapin au moment d'ouvrir ses cadeaux...
#UnPouponPourUnGarçon
Un hashtag a été diffusé par le magazine Tchika, un magazine un peu plus rock'n'roll que la moyenne pour les filles de 7 à 12 ans. Le principe de cette campagne, c'est d'offrir un poupon à un petit garçon, de le prendre en photo avec et de poster l'image sur les réseaux sociaux.
À Noël, les mauvaises surprises du sexisme et des stéréotypes de genre...
Oui, car si l'on se dit que les inégalités femmes/hommes voire une forme de domination masculine, qui sait, peut-être une certaine violence faite aux femmes, se construisent dès l'enfance. On peut imaginer qu'un enfant à qui on a systématiquement arraché des mains le poupon dont il voulait s'occuper accessoirement en le traitant de gonzesse ou de pédé pour les plus imaginatifs d'entre nous, que cet enfant grandisse avec une certaine idée de la virilité qu'on pourrait qualifier de toxique une fois arrivé à l'âge adulte.
En fait, cette initiative prend corps dans un contexte bien plus large, dans un post #Metoo où la brutalité des stéréotypes de genre nous montre autant leur stupidité que leur dangerosité. À la rentrée, le gouvernement a même adopté et fait signer aux acteurs du secteur une charte pour lutter contre le sexisme dans le jouet.
Une charte pour lutter contre les stéréotypes dans le jouet
Et il y a pas mal de choses à revoir. Il y a par exemple l'organisation des rayons. On va pouvoir trouver des sabres laser au rayon filles ? Ah bah non, parce que ça, ça n'existera plus ! Les magasins et les catalogues seraient désormais conçus par univers, jeux de société, jeux de plein air. En revanche, un label pour tous sera désormais étiqueté sur les boîtes de jeux scientifiques, les mécanos et les jeux d'adresse. Et puis surtout, les vendeurs vont être formés, on arrête de demander aux parents s'ils viennent pour un petit garçon ou une petite fille, on leur demande plutôt ce qu'aime leur enfant. C'est tout bête, mais c'est la base.
À La Grande Récré, l'enseigne est en ce moment sur son adhésion à la Charte et sur sa politique en faveur de jouets mixtes parce que, visiblement, c'est aussi un filon déjà creusé par Céline Dion. L'an dernier, avec sa marque de vêtements et de jouets non genrés et quand la prêtresse du César Palace à Vegas se lance dans quelque chose, comment vous dire ? Ça sent autant la bonne affaire que l'arnaque.
On assiste au fameux "féminisme washing"
Alors pas forcément chez elle. On ne sait pas. Mais attention quand même à cette pratique qui consiste à se repeindre en violet pour la galerie, à se donner de faux airs féministes à une époque où ça devient bon pour l'image, en nous prenant en réalité pour des débiles profonds. Je vous donne deux exemples récents : Mattel s'est fait un très joli coup de pub à la rentrée en commercialisant les premières poupées non genrées. Elles ne sont ni fille ni garçon à la base, c'est à toi de décider en fonction de ton envie du moment, miser sur la fluidité sexuelle à une époque où l'on interroge les frontières du genre, c'est le buzz assuré. Ça a donc très bien marché. En tout cas, du point de vue de la com'. Sauf que quelques mois plus tard était lancée une pétition contre le fabricant qui fait travailler ses ouvrières en Chine dans des conditions déplorables, cadences infernales, humiliations répétées, salaires ridicules... On a vu mieux pour la cause des femmes.
Autre exemple, Monopoly qui nous invente cette année le "Madame Monopoly", où l'on oublie le haut de forme, le cigare, le monocle et la spéculation immobilière. La seule chose à acheter, ce sont des inventions mises au point par des femmes et donc forcément éthiques et donc forcément responsables. Et les joueuses touchent plus chaque fois qu'elles repassent par la case départ pour compenser les inégalités salariales entre hommes et femmes. Alors, les gars, en fait, on ne demande pas une espèce d'aumône pour nous faire oublier la différence de salaire ou pour nous payer tout le boulot qu'on se tape à la maison. Je reprécise, ça vaut le coup : 80 % des tâches ménagères chez les femmes, 20 % les garçons. Non, on aimerait plutôt des changements de fond. Voyez comment vous dire la prochaine fois, vous nous bossez un petit peu plus le truc.
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