Femme tu es, mère tu seras, fille tu nais, ouvre tes bras, la poupée je te la mets là, embrasse la, adore la, regarde la, projette toi.
Delphine Apiou, Mon tout petit: Lettre à l’enfant que je n’ai pas eu, Denoël
Mais comment ça toi, tu veux pas ? Jouer au ballon, mais ça va pas ? Les voitures à ton frère à toi, layette biberon, etc. Un jour oui tu enfanteras, pourquoi ? Ben parce que c’est comme ça. Assignation à résidence, et dès le jour de ta naissance, c’est pas comme si t’avais le choix, la marche du monde repose sur toi.
Oui mais si j’y arrive pas ? Si cet enfant, là, il vient pas ? Pardon maman, pardon papa, c’est pas ma faute, me jugez pas. Je vous jure je veux, promis j’essaye, il l’entend pas de cette oreille. Faut croire qu’il fait de la résistance, et dans ma tête ça danse, ça danse. Je compte les jours, je deviens folle, compte à rebours, j’vais de traviole. Brûle donc un cierge, marche sur des clous, flagelle toi, le reste tu t’en fous. Bientôt ça vire à l’obsession, mais qu’est-ce que j’ai qui tourne pas rond ? Le temps passe, et sur moi il glisse, chaque année claque comme une gifle, ça fait mal et ça fait des bosses, des bleus à l’âme et ça cabosse. Et j’avais mal de son absence, et voilà cette nouvelle violence, celle que l’humanité entière fait à celles qui ne sont pas mères.
Mais attendez, j’ai une idée : si vous nous laissiez respirer ? Oh oui allez, de l’air, allez. On est grandes on sait ce qu’on fait. Alors foutez nous donc la paix.
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