L'abandon définitif du projet de barrage de Sivens

France Inter
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Après deux ans de controverses et la mort d’un manifestant écologiste, l’État abandonne officiellement le projet du barrage de Sivens dans le Tarn.

La veille de Noël, sans tambour ni trompette, les préfets du Tarn et du Tarn-et-Garonne ont signé l’arrêté qui annule la déclaration d’intérêt général du projet. Il aura donc fallu attendre dix mois pour officialiser la décision de l’État de renoncer au grand barrage de Sivens : 1,5 million de mètres cube d’eau, une quarantaine d’hectares, dont environ un quart situé dans une zone humide riche en biodiversité.

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Le rideau tombe discrètement, après deux ans de polémiques, 16 mois d’occupation du site décrété zone à défendre, ZAD, et surtout la mort d’un jeune écologiste dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, Rémi Fraisse, atteint par une grenade offensive de la gendarmerie.

Le projet est abandonné alors que les travaux avaient déjà commencé, l’État va devoir indemniser le département du Tarn. Au total, 3,4 millions d'euros de compensations, dont un peu plus d’un million servira à réhabiliter la zone humide.

Cet accord a été adopté par le conseil départemental du Tarn lle 11 décembre dernier.

Le projet du barrage de Sivens controversé,  Lisle-sur-Tarn, sud de la France, 06 mars 2015
Le projet du barrage de Sivens controversé, Lisle-sur-Tarn, sud de la France, 06 mars 2015
© FREDERIC SCHEIBER/epa/Corbis

La fin du projet Sivens ?

Pas vraiment... Un nouveau projet, deux fois plus petit devrait voir le jour 300 mètres en amont. Alternative proposée il y a presque un an par des experts mandatés par la ministre de l’écologie Segolène Royal. L’État marche sur des œufs, promet des discussions sur cette nouvelle retenue d’eau.

Mais les opposants regroupés dans le collectif Testet du nom de la zone humide menacée, parlent déjà d’un "Sivens light". Le plan B est à leurs yeux tout aussi aberrant que le premier, alors que le syndicat agricole FNSEA réaffirme que les agriculteurs attendent ce projet Sivens même s’il est recalibré.

Désormais, les autres "zadistes" observent avec intérêt ce qui s'est passé à Sivens. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le centre d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure en ou encore le Center Parc de Roybon en Isère. Les "zones à défendre" contre des grands projets d'aménagement poussent comme des champignons. Et l'abandon du barrage de Sivens démontre que ce n’est pas parce qu’un projet a franchi toutes les étapes administratives qu’il ne sera pas au final abandonné ou modifié.

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