

Le cinéaste dissident, Kirill Serebrennikov, propose un film musical consacré au rock soviétique des années 1980, un film France Inter à sa sortie, en 2018, et que vous pouvez (re)voir sur le site de notre partenaire Universciné.com. Un beau film plein de mélancolie et de musique.
Nous sommes dans l’URSS qui précède tout juste la pré-Perestroïka, au tout début des années 1980. Une jeune fille assiste en douce à un rare concert de rock encadré par les autorités, en entrant par la fenêtre des toilettes. Début en fanfare donc pour Leto (en français, L’Été), le film de Krill Serebrennikov, cinéaste assigné à résidence par l’actuel Président, Vladimir Poutine.
Nous sommes donc en 1981 et Mike Naoumenko donne un concert au Leningrad’s Rock Club. Une partie de la jeunesse soviétique aspire à cette culture rock venue d’ailleurs mais que véhiculent des groupes locaux comme celui de Mike ou de son ami Viktor. Avec Natacha, ces deux-là vont former un triangle amoureux qui vit au rythme des concerts, de la vie communautaire, des interdits et autres censures. On écoute Lou Reed et Iggy Popp et on se dispute à propos de ces influences musicales revendiquées ou non.
Les deux protagonistes masculins ont bel et bien existé et connu un certain succès au tout début des années 1990 avant tous deux de disparaître prématurément, mais Leto ne prend jamais les chemins du biopic musical. Serebrennikov préfère de très loin dresser le portrait d’une génération qu’il considère avec bienveillance, sans jamais tomber dans l’apitoiement.
Intégrant de véritables clips autonomes dans sa narration, le cinéaste affiche sa volonté de faire d’abord un film musical, sans être une comédie musicale pour autant. Leto assume ses morceaux de bravoure musicaux comme cette longue scène sur une plage au cours de laquelle on découvre la chanson qui donne son titre au film.
Le cinéaste se tient également à distance d’un film qui ferait le procès d’une époque et de ses tentatives d’étouffement des aspirations de la jeunesse. La réalité répressive est bien présente mais elle semble comme atténuée par l’insondable mélancolie qui se déploie tout au long du film.
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Tel est bien en effet le véritable propos du cinéaste : faire le bilan d’une innocence perdue, d’un été qui n’aura duré qu’un temps, sans lendemains qui chantent, sans cette liberté attendue et qui n’est pas venue. Plus qu’un constat d’échec, c’est la mise à plat d’un changement qui n’a pas eu lieu.
Les héros de Serebrennikov l’auront chanté mais l’Histoire s’est chargé de leur répondre tout autrement. Reste cette magnifique BO et ce titre notamment, Leto, l’été qui est là.
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