"Killing Me Softly" : Lauryn Hill en majesté

L’écrivaine féministe Janaelle Harris dit à quel point Lauryn Hill est l’une de celles qui ont joué un rôle déterminant pour la fierté des afro-américaines avec "Killing Me Softly"
L’écrivaine féministe Janaelle Harris dit à quel point Lauryn Hill est l’une de celles qui ont joué un rôle déterminant pour la fierté des afro-américaines avec "Killing Me Softly" ©AFP - Theo Wargo / Getty Images North America
L’écrivaine féministe Janaelle Harris dit à quel point Lauryn Hill est l’une de celles qui ont joué un rôle déterminant pour la fierté des afro-américaines avec "Killing Me Softly" ©AFP - Theo Wargo / Getty Images North America
L’écrivaine féministe Janaelle Harris dit à quel point Lauryn Hill est l’une de celles qui ont joué un rôle déterminant pour la fierté des afro-américaines avec "Killing Me Softly" ©AFP - Theo Wargo / Getty Images North America
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"Killing Me Softly" par les Fugees est la reprise d'une chanson de Roberta Flack. Mais la version de Roberta Flack était déjà la reprise d'une chanson de Lori Lieberman. Cette chanson, qui figure sur le brillant album 'The Score', permet avant tout de prendre conscience du fait indéniable que Lauryn Hill est une reine.

Le groupe Fugees est composé de trois Afro-américains. Deux hommes : Wyclef Jean et Pras Michel. Mais cette chanson, c’est elle et surtout elle : Lauryn Hill. En 1996, Lauryn Hill a 21 ans. "Killing Me Softly" figure sur l’album The Score**, un album balise.**C'est l'un de ces disques qui ont changé l’histoire de la musique mondiale, parce qu’il règle ses comptes à la bande-son américaine dominante de ce milieu des années 1990 : le gangsta-rap. Face à ce courant qui promeut violence, drogue et argent facile, Wyclef Jean expose son ambition musicale et politique au magazine Newsweek comme ceci :

Nous voulons redonner au ghetto une voix qui ne glorifie pas la violence. Pour ça, il suffit d’une goutte de pureté pour nettoyer les latrines.

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Cette « goutte de pureté », les Fugees la puisent notamment dans l’humanisme de la soul des années 1970. "Killing Me Softly" est une reprise de la pianiste chanteuse Roberta Flack qui a fait un tube de cette chanson en 1973. Quand Roberta Flack a interprété ce morceau, elle était une figure de la lutte pour les droits civiques.

23 ans plus tard, les Fugees reprennent ce flambeau d’une autre façon rien qu’avec leur nom. « Fugees », c’est l'abréviation derefugees, « les réfugiés ». Il s'agit plus précisément des réfugiés haïtiens, une communauté dont sont issu·e·s les trois membres du groupes. Ils veulent changer les paroles de "Killing Me Softly" pour dénoncer la drogue et de la pauvreté. Mais les auteurs du morceau refusent. "Killing Me Softly" est le récit d’une femme qui écoute un homme chanter et qui a la sensation d’être percée à jour, elle et son désespoir. 

La toute première créatrice du morceau s’appelle Lori Lieberman. À l'origine, sa version est folk. L’histoire de "Killing Me Soflty" est donc aussi celle d’un passage de relais entre trois femmes : Lori Lieberman, Roberta Flack et Lauryn Hill. La révolution réalisée par les Fugees, c’est d’être un groupe de rap dans lequel une femme n’est pas qu’une créature sexuelle.

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