Tubes & Co - Le César 1984 du meilleur hymne gay est attribué à Bronski Beat pour "Smalltown Boy"

Jimmy Somerville, Larry Steinbachek et Steve Bronski : le trio de Bronski Beat en 1980
Jimmy Somerville, Larry Steinbachek et Steve Bronski : le trio de Bronski Beat en 1980 ©Getty - David Corio/Michael Ochs Archives
Jimmy Somerville, Larry Steinbachek et Steve Bronski : le trio de Bronski Beat en 1980 ©Getty - David Corio/Michael Ochs Archives
Jimmy Somerville, Larry Steinbachek et Steve Bronski : le trio de Bronski Beat en 1980 ©Getty - David Corio/Michael Ochs Archives
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Les compositions d'Arnaud Rebotini pour le film '120 battements par minute' ont remporté le César de la "Meilleure musique originale" en 2018. Parmi celles-ci, un remix du tube "Smalltown Boy", signé du trio anglais Bronski Beat

En 1984, "Smalltown Boy" est une révolution. Une  révolution avec une voix de diva. C’était la première fois. La première  fois, qu’un trio de garçons se présentait ouvertement comme un groupe  homosexuel. En 1984, ça n’avait rien d’évident : la même année, Elton  John tentait de donner le change en se mariant avec une jeune femme du  nom de Renate Bauel. Le morceau est également une grande claque  musicale, avec son mélange de pulsation, qui fait danser et de ritournelle qui fait chialer.

La chanson commence avec une scène précise : un quai de gare, la pluie  et un garçon qui a mis sa vie dans une valise noire. "Smalltown Boy"  raconte l’histoire d’un garçon qui quitte sa petite ville pour vivre  pleinement sa vie à la capitale. Les chansons populaires sont pleines  d’histoires comme celle-ci. Arnaud Rebotini, le compositeur qui a revisité ce tube pour le film 120 battements par minute, souligne que le premier vers de la chanson : « You leave in the morning  », que l’on peut traduire par « Tu pars au petit matin », pourrait être  le début de n’importe quelle chanson de blues. De plus, quand écoute la voix du chanteur Jimmy Sommerville, on pense à de la soul, à du gospel, à l’histoire de la musique noire américaine.

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À partir de cette histoire banale d’un garçon qui part de chez lui, Jimmy Sommerville raconte le quotidien d’un jeune gay dans l’Angleterre homophobe des années Thatcher.  Ce tube est aussi une balise pour l’histoire de la représentation  homosexuelle dans la culture populaire, parce que Sommerville s’affiche  gay sans passer par les détours de l’extravagance d’un costume et du  maquillage. Sommervile serait ainsi l’anti-Boy George. Il a le crâne  rasé, il porte t-shirt, jeans et Doc Martens. Reste que, pour Bronski Beat, partir de chez soi est une aventure épique.

Cette chanson de 1984 figure dans le film 120 Battements par minute,  dont l’action se déroule au début des années 1990 notamment parce que  le film retrace un moment de l’histoire de l'association Act Up dont  Jimmy Sommerville fut l’un des militants. Il a aidé l’association en  payant le loyer de ses locaux à Paris pendant plusieurs mois ainsi qu'en  donnant un concert de soutien au début des années 1990. Il y a  interprété cette chanson de l’année 1984. Une chanson d’avant l’épidémie de sida.

Pour 120 Battements par minute, le compositeur Arnaud Rebotini livre une version house de "Smalltown Boy".  Quand la chanson arrive dans le film, le cinéaste Robin Campillo a mêlé  le souffle de Jimmy Sommerville avec la respiration du personnage  principal, malade du sida, sur son lit d’hôpital.