Tubes & Co - "Les Mains d'or" de Bernard Lavilliers, une certaine idée de la dignité

En décembre 2001, Bernard Lavilliers chante pour les ouvriers de l'usine Bata, qui viennent d'apprendre leur licenciement
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En décembre 2001, Bernard Lavilliers chante pour les ouvriers de l'usine Bata, qui viennent d'apprendre leur licenciement ©Getty - Francis DEMANGE / Gamma-Rapho
En décembre 2001, Bernard Lavilliers chante pour les ouvriers de l'usine Bata, qui viennent d'apprendre leur licenciement ©Getty - Francis DEMANGE / Gamma-Rapho
En décembre 2001, Bernard Lavilliers chante pour les ouvriers de l'usine Bata, qui viennent d'apprendre leur licenciement ©Getty - Francis DEMANGE / Gamma-Rapho
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Pour la matinale spéciale en direct de Saint-Étienne, Rebecca Manzoni a choisi de mettre à l'honneur un Stéphanois dans son "Tubes & Co" : Bernard Lavilliers, avec "Les Mains d'or". Ce morceau qui évoque le désarroi d'un ouvrier licencié à cause de la désindustrialisation date de 2001. Il est pourtant très actuel.

Le personnage Bernard Lavilliers, c’est la figure du bourlingueur avec des étiquettes du monde entier collées sur une valise. Mais c’est aussi Bernard Ouillon, fils d’un ouvrier de la Manufacture d’armes de Saint-Étienne, où lui aussi a travaillé. Pour la chanson "Les Mains d'or", avec des vers courts comme des flashs, Bernard Lavilliers pose un décor.

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Quand on lit sur le papier les mots du refrain, « Travailler encore », on pourrait les dire dans un soupir, une fatigue, mais Bernard Lavilliers en fait une demande sans hargne. Un espoir, une question de dignité.

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La chanson a été écrite en 2001, mais ce n’est pas la première fois que Lavilliers chante la grisaille des usines avec des mélodies et des rythmes ensoleillés. Dans la chanson française, il le seul à jouer de ces contrastes : monde ouvrier, danse et tropiques. Musicalement, dès 1980, donc en pleine période punk et new wave, son album O gringo mélange déjà reggae, salsa, bossa nova et rock’n’roll. "Les Mains d’or" prouve donc la cohérence du répertoire d’un homme.

Pourtant, Pascal Arroyo, qui a composé la musique du morceau, raconte que « la chanson était foutue », au départ. À ce moment-là, Bernard Lavilliers est en studio à Toulouse et c’est l’enregistrement de la dernière chance. Le texte est là, mais la bande-son reste à trouver. 

Au final, on y trouvera des maracas comme un geste répété à l’infini. Puis une guitare basse, pour l’ondulation des hanches. On entend aussi une guitare acoustique et rythmique, qui emmène du côté du flamenco, un accordéon, pour ponctuer et accompagner... Vers la fin du morceau survient l'instrument inattendu. L’idée de génie : un violon tzigane.

Dans une interview publiée dans Télérama en 2013, Lavilliers déclare : 

Je ne chante plus comme avant. À présent, je propose.

En 2001, c’était déjà le cas. La mode du "LOL" et du cynisme de ces années-là a toujours passablement ennuyé Bernard Lavilliers. Pour le sentir, il suffit d’écouter la piste vocale des "Mains d’or".

En septembre dernier, la réponse présidentielle tenait en quelques mots : « Il suffit de traverser la rue pour trouver un boulot. » Avec sa voix de costaud brisé, Lavilliers chante son histoire personnelle et familiale. C’est ce qui le met à l’abri d’être un porte-parole. Mais qu'est-ce qui, aujourd’hui, pourrait nous rassembler ? Une chanson, peut-être...

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