

Dans sa chronique, Rebecca Manzoni nous raconte l'histoire derrière le tube "Ain't Got No, I Got Life" de Nina Simone, fusion de deux morceaux tirés de la comédie musicale 'Hair'. La géniale pianiste métamorphose ces chants hippies pour en faire un hymne à la fierté des Noir·e·s américain·e·s.
(Cette émission est une nouvelle diffusion de celle du 25/10/2019)
Londres, Septembre 1968. Nina Simone est invitée pour un concert à la télévision anglaise. Elle est au piano, cheveux courts, boucles d’oreilles longues jusqu’à ses épaules nues. Mais on ne voit qu’elle. Et son autorité, qui envahit le plateau, entre l’explosion et le calme.
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« Je veux entrer dans la tanière des gens élégants, suffisants, aux idées vieillottes, et les rendre dingues ».
Ces mots de Nina Simone font écho au spectacle qui en 68 bouscule copieusement ces idées « vieillottes », Hair, comédie musicale rock contre la guerre du Vietnam, et pour le plaisir des drogues et de l’amour libre. En 1968, Nina Simone n’a plus l’âge des personnages de Hair. Eux ont 20 ans, elle, en a 35.
Femme, noire, adulte, elle fait sienne "I'm Black / Ain't got no" une des chansons du spectacle qui décrit les jeunes de l’époque, avec une litanie de tout ce qu'ils n'ont pas. Nina Simone le mêle à un autre extrait de la comédie musicale : celui où les personnages font le compte de tout ce qu’ils ont et qu’on ne peut pas leur enlever.
En fusionnant ces deux extraits elle transforme le manifeste de la jeunesse en hymne qui dénonce la condition des noirs dans un premier temps et qui célèbre leur fierté dans un second. Dans sa voix, la chanson devient aussi une incantation féministe avec ces mots :
« J’ai mon cou, mes seins. J’ai mon cœur, mon âme. J’ai mon dos, mon sexe »
Les rênes de sa carrière et de sa vie, Nina Simone les a prises en devenant une figure de la lutte pour les droits civiques. En 1969, à l’occasion d’un concert au Philharmonic Hall de New York, avant la fin de « Ain’t Got no », elle chante :
Je me dois de rester jusqu’à ce que mon travail soit accompli. D’ici là, j’ai la vie.
Le reste, à écouter....
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