Dans les Alpes italiennes, Bardonecchia, à quelques kilomètres de la frontière, devient un nouveau point de passage pour les migrants qui veulent entrer en France. Ils ont bravé les traversées d'un désert et de la Méditerranée, alors le franchissement d'un col ne les effraie pas. Julie Pietri rentre de Bardonecchia.
Lampedusa est une île au milieu de la Méditerranée. Un point de passage entre deux continents. Bardonecchia est une station de ski, entre les cols italiens et Français. Lampedusa et Bardonecchia sont deux points de passage, on y fait étape, on se repose et on cherche à repartir. On y risque sa vie. A Bardonecchia avec sans doute une inconscience qui sied à celles et ceux qui ont survécu au désert, à un naufrage en Méditerranée. Ils pensent à tort que le franchissement d'une montagne n'est pas aussi périlleux. La plupart ne sont pas couverts comme il le faudrait. Les habitants de Bardonecchia ne savent pas ce qui jouent au dessus de leurs toits. Impossible de savoir qui a tenté de monter dans la neige. Janvier a été riche en avalanche, et la crainte de découvrir des corps à la fonte du printemps est grande.
Alors les habitants et le maire se mobilisent, comme le font les insulaires de Lampedusa pour sauver des vies, réconforter, dissuader d'aller plus loin. Tout comme à Lampedusa, les forces de l'ordre deviennent chaque jour plus visible dans le village de Bardonecchia.
Tout se joue à la gare, où les migrants ont compris qu'ils pouvaient monter dans le train. Le TGV qui relie Turin à Paris s'arrête ici. Mais la police veille et scrute tous les wagons. Tout migrant découvert est débarqué à Modane et reconduit à Bardonecchia. Pour échapper à la police, les migrants font l'impensable calcul de passer plus haut, par les cols.
Le maire se sent seul. Entre la France et l'Italie. Il fustige le climat permanent de campagne électorale autour de ces questions, ne veut pas que sa commune devienne un autre Vintimille ou Calais.
Julie Pietri grand reporter à France Inter rentre tout juste de Bardonecchia. Elle répond aux questions d'Eric Valmir. Ses reportages radio et multimedia, sont à découvrir ici.