De l’Érythrée à la Verpillère en Isère, la fuite en avant de Sala

Deux années d'errance. Depuis l’Érythrée, le pays où Sala a grandi en surveillant les quelques bœufs que détenaient ses parents à quelques kilomètres de la frontière soudanaise. Sa famille d'éleveurs n'a pas échappé à la dictature du pays et l'avenir de Sala était promis à un enrôlement militaire de force pour une durée indéterminée. Alors, il est parti. D'abord le Soudan, puis la Libye, où séquestré il va endurer une année de tortures et de travail forcé. 

Pour fuir ce nouvel enfer, une seule voie possible : la Méditerranée. Sur une embarcation hasardeuse. Il laisse tout l'argent qui lui restait aux passeurs. Le bateau n'a pas une espérance de navigation supérieure à dix heures. Il sera sauvé par le Lifeline, navire d'une ONG allemande à la sortie des eaux territoriales au mois de juin dernier. Mais tout comme l'Aquarius, quelques jours avant, le Lifeline ne reçoit aucune autorisation de débarquer et dérive en observant, impuissant, le bras de fer entre Italiens, Maltais et le reste de l'Europe. Au bout de quelques jours, alors que blessés et épuisés les migrants dormaient à même le sol, les conditions à bord devenant précaires, ils débarquent enfin à la Valette. Un accord a été trouvé. 

Débarqué le 21 juin à Malte, Sala atterrit à Roissy le 5 juillet. Tout est allé vite, c'était la condition posée par les autorités Maltaises. La France a sélectionné 52 dossiers qui ne sont pas des dossiers, mais des personnes. 

Delphine Evenou, reporter à France Inter :

C'est tout l'intérêt de ce reportage, quand on suit Sala, un des 52 migrants arrivé en France, on sort des valeurs statisticiennes pour entrer dans la vérité humaine.

Delphine Evenou a suivi Sala et raconte donc son parcours dans ce premier Profession Reporter Saison 2.  

Sala a aujourd'hui 22 ans.